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Quinzième volet

Voyage…

Inventaire

Jour écorné
la lumière équarrie
sous la paume du vent
et l’épaisse torsade d’une fumée de coton

Près du miroir de faille
une volée de cloches et d’écrire
Un galet de corail
blanc comme un ciel
échappé de quel Tchad ?

Le désert a craché sur les vitres

 

26 avril 2019

 

Et donc

Depuis mon premier deuil
les murs de l’église
et donc
les murs de la messe
et donc
les murs de la foi

et donc
les murs de la mort
en avaient l’inconsolable couleur
et donc
je ne peux plus les glycines

 

23 avril 2019

 

Cochon d’avril

Les cochons ne sont pas des porcs. Contrairement aux idées reçues, ils aiment être propres.
Le cochon que j’ai eu cette année-là, aimait que l’on cure son étable. Il aimait par-dessus tout la douche. L’eau que nous utilisions pour le laver provenait d’une source à 3 km de là, acheminée dans un tuyau noir qui captait la chaleur du soleil. Elle arrivait chaude et le cochon se pâmait sous le jet. Il fermait les yeux, sa gueule se fendait comme d’un large sourire. Il tombait en pâmoison, oui, il tombait littéralement sous la brosse à chiendent avec laquelle nous lui frottions l’échine. Brossé sur le flanc gauche, il se laissait aller, ses pattes fléchissaient, il penchait, penchait, il allait tomber sur le côté gauche. Il fallait alors vite brosser le flanc droit pour qu’il se redresse.

Ce jour de premier avril est bleu, soleil éclatant. Un temps idéal pour la douche.
Laetitia, la sœur de mon fils, est en vacances Elle a 14 ans.

 – Je vais laver le cochon, me dit-elle.
Elle enfile ses bottes, se munit d’une pelle pour évacuer la fange, s’empare du tuyau après avoir ouvert la vanne et entre dans la soue. Elle commence à arroser la bête qui grogne de plaisir.  

 –  Oh j’ai oublié la brosse, me dit-elle.  
 –  Attends, je te l’apporte.

C’est un premier avril, donc.
Personne n’a encore scotché de poisson en papier sur le dos de personne.
Personne n’a encore mis de pot de yaourt rempli d’eau en équilibre au-dessus de la porte entrebâillée.
Un copain nous avait apporté quelque temps auparavant de la poudre de fluorescéine. Il nous avait expliqué que cela servait à repérer les cours d’eau souterrains, c’est du moins l’usage qu’il venait d’en faire. Il lui en restait un petit peu et il nous l’avait apporté dans une enveloppe.
Une poudre rose qui devenait vert fluo au contact de l’eau. Une curiosité que j’avais gardée dans un tiroir.

Je prends la brosse à chiendent sous l’évier, je verse entre ses poils une pincée de fluorescéine, je l’apporte à mon ado et je repars à mes occupations. Laetitia très vite m’interpelle d’une voix angoissée :

    – Dis, Colette, viens voir, c’est bizarre, le cochon il est tout vert ! Plus je frotte, et plus il l’est !

Effectivement, le cochon mousse vert. Il est hilare et copieusement fluo…

 

3 avril 2019

 

Des mots de mistral

Ils m’ont donné des poèmes
C’était comme un mistral
qui nous traverse et nous chavire
Un vent qui mal nous mène
et nous ramène
trop loin, trop bas
Il y avait de la nuit, dans ce vent
et de la pluie aussi
mais des embruns d’étoiles

31 mars 2019

Poème dédié aux collégiens de Banon qui m’ont offert leurs poèmes lors de notre rencontre à la librairie Le Bleuet le 25 et le 28 mars 2019. Des poèmes autobiographiques construits sur le modèle de mon texte “Puzzle” qui ouvre le recueil de Matrie. Des textes bouleversants et forts. Je les remercie !

Arrivée là

J’ai écrit des chemins sinueux
des routes serpentines
des voies sans issue
peu carrossables
mais la brèche des palissades

Il est des choses qui ne peuvent s’écrire
elles ne sont pas envisageables

Il n’est pas envisageable
que la route s’arrête

au bout du vent

Entends ce vent déchirer le ciel
entends-le froisser les nuages

J’écris je suis arrivée là

Il suffit qu’une maille file le poème
et la vie se détricote
et tous les chemins, toutes les routes
et toutes les brèches des palissades

Il n’est pas envisageable
que tout s’arrête

 

22 mars 2019

Ce jour où je ne suis pas revenue

J’ai vu défiler les talus secs
aux herbes brûlées par l’hiver
J’ai vu défiler les chênes bruns
J’ai vu défiler mon pays
comme on voit défiler sa vie
au moment de mourir
Il s’agissait bien de cela
mourir à tout mon paysage
mourir à tout ce que j’habitais
En bas, la lumière était chaude sur les tours
J’entendais résonner mes pas
Je marchais, je courais presque
comme si j’étais pressée d’aller là où je ne savais
Je n’étais pas joyeuse
je ne pleurais pas
je savais seulement que je ne revenais pas

2 mars 2019