Commentaires récents

Connectés

Archives

Quinzième volet

Voyage…

Trio la joie

Pierre de Bethmann
et son clavier pétillant
Sylvain Romano
et son chapelet de notes contrebasse
Tony Rabeson
et sa batterie syncopée d’épices
Ces trois-là se causent et se répondent
Ces trois-là s’aiment et s’amusent
Ils n’ont pas volé la cane de Jeanne
ils l’ont envolée
Public complice de leurs confidences éclatantes
Public receleur de joie

 

23 juillet 2019

 

La même page

On ouvre toujours le livre à la même page
souvenirs cornés
et l’on retrouve les mêmes images
cette chienne inquiète
à qui l’on a pris les petits
Elle s’appelait Moana
comme l’enfant bantou
ou le grand large
On ne sait pas pourquoi on l’avait appelée comme ça
On ne sait pas non plus ce qu’elle est devenue
on ne se rappelle plus
Mais on ouvre le livre et elle est là, fidèle
toujours à la même page
à chercher ses petits
leur odeur sur mes mains
L’enfant à presque naître
avait choisi cette page-là
pour chavirer
On ouvre toujours le livre à la même page
même si on l’a tournée
même si la vie depuis
a tenu d’autres promesses

 

9 juillet 2019

 

Pour le Fée’Stival Coquelicots et Bleuet quel beau bouquet !

Pour le Fée’Stival Coquelicots et Bleuet quel beau bouquet ! il m’a été demandé d’écrire un texte afin de témoigner de ma vie de maraîchère. A vrai dire, parler de légumes ne me passionne pas plus que ça. J’ai aimé ce métier malgré sa dureté, j’ai aimé ma vie. J’aimerais mieux parler de mes chiennes. Ou des copains. Non ? Bon. Ce qu’on appelle une saison à 900 mètres d’altitude est une saison très courte. Semer planter biner désherber arroser cueillir. Arriver à gagner l’argent de toute une année en cinq mois. L’été, les journées sont longues. Dès le réveil, à 6 h du matin, avant même de prendre le premier café, descendre dans la campagne pour changer l’arrosage de place. Nous n’avons qu’une source d’alimentation en eau. Une source justement, captée à 3 km de là et acheminée par un seul tuyau le long de la route. Nous devons faire des rotations pour arriver à tout arroser. Tout au long de la journée, changer l’arrosage de place. Après le repas du soir, attendre minuit pour redescendre dans la campagne et le changer une dernière fois pour la nuit. Avec les chiennes. Semer planter biner désherber cueillir. Je suis la reine du désherbage à la main des carottes. J’ai la patience pour ça. Je peux le faire pendant des heures sous le soleil. J’aime la chaleur. Les lundis d’été, cueillir les haricots aussi, c’est mon truc. Cueillir pendant des heures sous le soleil. Suivie de mes chiennes qui avaient appris à ne jamais marcher dans les légumes. Dès qu’elles voyaient que la terre était prête à être cultivée, elles n’y posaient plus une patte. Elles rampaient le long de la parcelle où je travaillais, parfois tendaient le cou pour attraper délicatement un haricot pour goûter. Finir même à la tombée de la nuit, à l’aveugle. Mes doigts continuent à voir, eux. Cueillir sous la pluie battante des orages aussi. Pas le choix. Les mardis sont jours de marché, les lundis il faut cueillir, même s’il pleut. Parfois commencer le dimanche parce qu’il y a le reste à cueillir aussi. Les poireaux, les carottes, les tomates, les courgettes, les salades, les céleris, les betteraves, les radis, les navets, les salades, les fenouils, les épinards, les choux. L’automne, les oignons et les patates sont déjà ramassés et stockés dans la cave, les courges, les potimarrons sont rentrés au chaud dans la maison. Mon record de cueillette de haricots, 100 kg à moi tout seule en une journée. Ensuite il faut les trier, en trois catégories. Les gros, les moyens, les fins. Ça, j’aimais moins. J’étais assise à une table ce n’était pas fatigant mais ça m’agaçait les doigts. Et puis la fête malgré tout, toujours. Faire à manger pour des tablées de copains. Mais les copains m’aidaient, aussi. Faire la fête, passer une nuit totalement blanche et au lever du soleil, descendre dans la campagne pour changer l’arrosage et cueillir… Mis à part les oignons et les patates, il faut tout laver pour enlever la terre. Les cueillettes d’automne sont les pires. On a encore tous les légumes d’été et déjà tous les légumes d’hiver. Laver et éplucher les poireaux dans une brouette emplie d’eau, brosser les carottes et faire des bottes. Je me souviens du premier lundi très froid d’automne, l’eau dans la brouette pleine de poireaux était si glacée que j’ai voulu ajouter un arrosoir d’eau chaude pour que ce soit moins pénible. Mais l’eau gelait instantanément au fur et à mesure que je la versais. Vers la fin de l’été, nous disions Vivement cet hiver qu’on se repose. Mais l’hiver, la moindre vaisselle, ou lessive, tout est plus compliqué aussi. L’eau de la maison venait du village à 2 km de là, dans un tuyau à l’air libre le long de la route. L’hiver, ne surtout pas oublier de laisser couler un filet d’eau au robinet dès la tombée du soir. Sinon elle gelait. Repérer alors les bouchons de glace et dégeler le tuyau au chalumeau. Attendre que la neige fonde, pour cela. En attendant, puiser de l’eau dans le bassin où se jette l’eau de la source (casser la glace du bassin, avant). Mettre la machine à laver le linge en route et veiller, au sifflement particulier qu’elle avait, pour verser un arrosoir d’eau chaque fois qu’elle appelait à boire. On a réussi à ne pas la flinguer, gentille machine. L’hiver, c’est la saison des truffes aussi. C’est une autre histoire…

Encore

Je suis conditionnée à me recroqueviller
dès qu’un soleil me roule dessus ma vie

Sortir du rôle de celle qui n’oublie pas
Etre juste celle qui va et

qui va

Domestiquer ma main, le stylo, les mots
parce que j’écris sauvage et traduis comme ça vient
La spirale des peurs, les démons dans mon ciel
la lune éternellement croissant
Apprivoiser l’idée d’un croissant devenir
Et l’idée d’un Encore
Alors d’accord :
Encore

Janvier 2012

Quand même, Asaf

J’aurais aimé filmer alors j’écris.
Une scène parfois bleue, rouge ou violette.
Je n’ai pas apporté mon caméscope au concert d’Asaf Avidan. Je ne voulais pas vivre le spectacle à travers un écran. J’aurais été trop loin de toutes façons, sans pied pour zoomer et le son aurait été pourri. J’ai bien fait de ne pas l’avoir pris, il m’aurait été confisqué par les agents de sécurité qui fouillaient tous les sacs à l’entrée.
Mais il y a deux choses que j’aurais aimé filmer et partager.
Ça n’aurait rien rendu, je suis d’accord.
Mais quand même, j’aurais aimé.
Le pinceau du projecteur qui tournait dans l’hémicycle des arènes. Qui balayait les spectateurs, ça faisait comme une vague. Dans l’océan-foule.
Ou comme le vent dans un pré, vous comprenez ?
Tous ces visages éclairés pssshhh…
On n’entendait pas pssshhh évidemment mais on aurait pu imaginer l’entendre, ce souffle de lumière.
Et puis…
Et puis le moment où il a posé sa guitare électrique pour prendre une guitare sèche.
Ce n’est pas que je n’ai pas aimé le côté rock pêchu des morceaux précédents.
Ce n’est pas ça, c’est…
Il a pris sa guitare sèche. Il y a eu presque un silence.
Je crois que tout le plein air debout a retenu sa respiration. Si c’était dans une salle j’aurais écrit toute la salle mais en plein air comment on dit ?
Bref, un silence suspendu qui n’a pas duré.
Aux premiers accords de One Day, s’il restait encore des gens assis, ceux-là se sont levés. Et là…

Le public a explosé et entonné le refrain avec lui, bien sûr.
Mais ce n’est pas ça…

C’est toutes ces mains tendues, brandissant des téléphones portables. Asaf multiplié par un millier d’écrans. Petites fenêtres lumineuses comme autant de scènes bleues, rouges ou violettes dupliquées dans la nuit.
Ça n’aurait rien rendu, je suis d’accord.
Quand même, j’aurais aimé.

Juillet 2013

Texte écrit après un concert de Asaf Avidan au Théâtre de verdure à Nice.

Yassas !

Bidouille vous emmène en Crète.

Pour la bande son de cette vidéo j’ai utilisé la musique proposée par La Musique Libre HolFix -Last Stand : youtu.be/NOrL_ZEBfBM HolFix : soundcloud.com/holfix et puis la mer et les oiseaux de Crète et aussi quelques touffes de sonnailles des moutons de Káto Zákros et des chèvres du plateau de Lassithi. Merci à Jean-Michel, Manolis, Chistine et Vassili pour votre accueil chaleureux, efkharîsto !  

26 mai 2019