C’était le 25 décembre et j’attendais la neige.
Mon père avait dit qu’il allait neiger, il m’avait montré le ciel.
        – Tu vois, c’est un ciel de neige, ça. Il va neiger.
Il avait répété plusieurs fois en agitant l’index : c’est un ciel de neige.
J’étais surprise parce que le ciel était gris, presque blanc. J’avais 6 ou 7 ans ou 8 ?
Je n’avais encore jamais vu la neige mais dans la période de Noël je la dessinais.
Je dessinais des bonshommes de neige et je peignais toujours un ciel très bleu avec des mouchetis de blanc pour les flocons.
Outre l’excitation de la fête et des cadeaux, je brûlais d’impatience de la voir enfin tomber.
Le Père-Noël,  ça faisait un mois que je n’y croyais plus.
Je l’avais appris à l’école, de la bouche de ma copine Muriel qui elle-même l’avait appris de la bouche de son cousin qui était un grand de 12 ans. J’avais ce jour-là clamé au cours du déjeuner que le Père-Noël n’existait pas. Mon frère m’avait instantanément donné un coup de pied sous la table pendant que mes parents échangeaient un regard consterné.
J’avais alors – oups – fait marche arrière en bredouillant mais bien sûr que si il existe.
J’avais joué le jeu pour ne pas peiner mes parents. Et j’avais écrit ma lettre au Père-Noël.

Cher Papa-Noël
Je voudrais s’il te plaît :

La peluche jaune que on ne sait pas si c’est un chien ou un agneau

             ou (souligné)

Le livre-disque de Bambi parce que maintenant j’ai un mange-disque

            ou

La poupée qui parle

           ou

Les cow-boys ou les indiens mais je préfèrerais les indiens

Je ne me souviens plus si c’est cette année-là que nous avons eu un vrai sapin.
Un vrai de vrai, qui sent la forêt, avec des aiguilles qui piquent.
Il était très grand, très haut, il allait jusqu’au plafond (dans mon souvenir).
On l’avait gardé avec ses boules et ses guirlandes jusqu’à Pâques.
A Pâques on s’était résolu à le défaire parce qu’il était devenu jaune et squelettique et il fallait tout le temps balayer par terre.
Je ne sais plus si c’était l’année du vrai sapin mais Noël est immanquablement lié à son souvenir.
J’ai une mémoire très olfactive aussi : l’odeur des mandarines et celle des bougies que l’on vient d’éteindre.
Je l’avais eue, ma peluche jaune (j’avais décidé que c’était un chien finalement).
J’ai joué aux indiens et j’ai écouté/lu l’histoire de Bambi en attendant la neige mais il n’a pas neigé, ce jour-là.
Le mange-disque c’est le père-noël qui me l’avait offert quelques jours plus tôt.
Un vrai monsieur qui suait dans sa barbe de coton et son costume rouge, lors de la fête organisée pour les enfants du personnel de Transgabon.*

* Transgabon est devenue Air Gabon en 1977

15 décembre 2014