Il était blanc. Blanc comme un lapin mais sans les yeux rouges.
Il était arrivé un dimanche matin dans le jardin que nous avions à N’Djaména, le portail était resté ouvert.
On n’a jamais su d’où il venait. C’était un cheval errant. Il broutait allègrement la pelouse qui sortait tout juste de terre, au grand dam de mon père qui l’avait semée pour la deuxième fois. La première fois, il était surtout sorti des pastèques, les graines étaient sans doute mélangées au crottin qu’il s’était procuré pour engraisser le jardin. Il avait recommencé son semis. Moi j’aurais bien voulu que l’on garde les pastèques plutôt que le gazon, comme j’aurais bien voulu que l’on garde ce beau cheval (il n’était pas très beau en fait, il était très maigre), je rêvais tellement de faire de l’équitation ! Mais il n’en était pas question, mes parents n’ont pas voulu le garder. Il s’est laissé reconduire à la frontière de la forêt d’eucalyptus en face de chez nous. Il s’y est enfoncé paisiblement avec l’air de savoir où il allait.
Dommage, je l’avais déjà appelé Stewball.