
Quinzième volet
Voyage…
A propos de L’or saisons
Makronissos
Makronissos, non
on ne peut pas
voir le bleu du ciel et de la mer
Cette échappée de bleu aveugle et cinglant
Les hommes que l’on décolorise
survivent ici en écrivant
de toutes leurs couleurs d’hommes
Au revers de leur nuit
– noire est la nuit de Makronissos –
les couleurs de la vie s’amoncellent
échouées sur la grève
morcelées, fragmentées, brisées
Des bris de vers
Traces muettes dans les pierres
Makronissos, le silence
résonne encore longtemps après
que se soit tue la voix
des hommes qui ne souffrent plus
Makronissos on ne peut pas
non
voir le bleu du ciel et de la mer
22 août 2018
On dit que dans les camps de Makronissos,
il y avait tant de poètes
qu’on retrouvait des poèmes
accrochés sur les barbelés
Noctiluques
J’ai retenu toutes les lumières
des noctiluques dans l’eau noire
aux bourdonnantes constellations
des terres vues d’avion
L’enfance s’attable
nourrie de paillettes
Musique inextinguible des couleurs
malgré le rêche et la morsure
le rictus mordant accroché
aux babines des corbillards
Le sel des étincelles
sous le talon de la vie
Entends comme elle est rouge
la musique latérite des pierres
sous le sabot des troupeaux
Saxo solo
traînée de poudre mélopée
comme un départ de feu
et les congas éclatent
Une odeur de menthe foulée
du soleil d’encre plein les doigts
Et la voix qui rallume
le pays mal éteint
des vols de nuit
9 août 2018
Matrie aux éditions Henry
Matrie à paraître officiellement au mois de septembre 2018.
Mais m’attendaient d’ores et déjà quelques exemplaires dans ma boîte aux lettres.
Petite éternité avec Fumika Sato
Le visiteur du presque soir
Musique de Agnès Obel « Falling, catching » dans Philarmonics
La punition
Demain, pas classe toute la matinée. C’est ce que j’avais écrit sur mon cahier de textes comme sous la dictée de la maîtresse. J’avais sept ou huit ans.
Ma mère l’avait cru et m’avais ramenée à l’école le lendemain après-midi. J’étais contrariée, j’aurais dû écrire toute la journée et non pas matinée. J’étais une bonne élève mais détestais l’école.
Qu’est-ce qui est arrivé à Colette ce matin ? a demandé la maîtresse à ma mère.
Je me suis échappée dans la cour pour ne pas écouter la suite.
Mais le soir même, après l’école, lorsque ma mère est rentrée de son travail, elle m’a arraché des mains le Peter Pan que j’étais en train de lire, elle m’a confisqué tous mes contes de Grimm et d’Andersen, tous mes Comtesse de Ségur (qui me déprimaient, il faut bien le dire), ma Rubrique à Brac de Gotlib rapportée de la bibliothèque, tous mes Club des cinq et Clan des sept, bref, j’ai été privée de lecture pendant quinze jours.
17 juillet 2018
Co-voiturer la tristesse
La vie irrépressible
parce qu’il faudra bien
laisser couler la rivière
au pied de la nuit
4 juillet 2018
Co-voiturer la tristesse
Oserai-je leur dire
qu’ils ont ouvert la porte
du poème
avec cette clé de sol
qui se dérobe
4 juillet 2018
Co-voiturer la tristesse
Et lui ?
Lui qui porte le filet
des photos-souvenirs
Lui qui va tout porter
on le sait
On voudrait s’accrocher à son bras
On le voudrait insubmersible
4 juillet 2018
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