
Quinzième volet
Voyage…
A capella
Le contre-jour sur la vitre
est sale de soleil
et les prés mangés d’ombre
et de lavande noire
Le vent a cessé de frapper le silence
et l’oiseau sur la branche
tue-tête a cappella
16 juillet 2020
Bao Bab Bam au Bleuet
Certains d’entre vous se souviennent peut-être de mon conte Bao Bab Bam écrit et illustré pour le septième noël de mon fils. L’ami Jeremie N’Tsaï en a fait une formidable interprétation dans les jardins de la librairie Le Bleuet à l’occasion du Fées’Stival Coquelicots et Bleuet, quel beau bouquet ! C’était le 11 juillet 2020
Merci à lui !
La visiteuse du soir
Devinez qui s’est invitée pour le dessert ?
La musique est de l’ami Werner Demeyer, merci à lui !
Merci vos mots
Ce poème est de vous.
J’ai retrouvé ça dans mes archives. C’était à l’époque du Wizzz.
J’avais pioché dans les commentaires que vous aviez laissés dans mes pages
et je les avais tissés ensemble. Vous les reconnaîtrez ?
Force reste à la vie, dans cette force majeure
Cette fusion mille fois éprouvée
Mélodie irréversible
Je ne sais pas où est ailleurs
Dans nos surprises comme un écho
C’est peut-être comme ça qu’on s’envole
Oiseaux blancs détachés d’une spirale qui ressemble au temps
Faire un point, aigu, dans la trame
Je m’enroule complice dans ce lacis
Les mots s’envolent que n’accrochent pas les claviers salvateurs
D’autres s’écriront qui délivrent
Petits fragments de déchirures
Fragments de lumière, un peu de rêves
Ouvrir des portes
Laisse ouvert
Tomber sans peur, alors
Le doute est notre certitude
L’avenir en devenir
J’avais déjà signé dans une autre vie
Avec des pluies, avec des soleils aux commissures de la plume
La rive existe
aller voir de l’autre côté
Regard brouillé des lendemains
Hier j’ai trouvé un demain
À l’entame d’un nouvel horizon
Une promesse, un espoir
Le vent écrit emportera l’amertume,
Ces traces qui s’effacent comme des perles de lune
Des copeaux de rire étoilés
Continûment
Aujourd’hui maintenant où tout parle d’hier
Ce lambeau de chemin, nous l’avons tous rêvé
La démesure du ciel appelle les souvenirs de l’avenir
À sauvegarder
C’est moins lourd à plusieurs
Tous ces jours qui tissent une vie vécue
Si ma mémoire défaille c’est mon cœur qui se souviendra
Olé
Avec les mots de Psycheau, Montefalco, Claude H, Ryko, Luciole, Inta, Yellow, Gibbon, Boudune,
Decoh, Nisette, Seshat, Njel, Carole Dailly, Cachou, Bibine, Dan, Jiwelle, Livani, Gévé, Sarah, Saralibre, Feu, Gisny, Thian, Patatartiner, Ly, Le fautographe, Emauor, Lapoule, Lachome
Août 2011
Les amputés
à Simone et Roger
aux taraudés de solitude
Lorsque l’absence de l’autre
aura suffisamment creusé
le lit de la tristesse
raviné tout espoir
de se revoir vivants
ils se disparaîtront
l’un très vite après l’autre
dans l’ordre abject des choses
de la vie
17 juin 2020
12 ans de poupées
Tous mes « fabricolages » de poupées vaudouces à l’effigie de ceux qui m’importent, de 2008 à mai 2020 (une bonne dizaine en période de confinement…)
La musique est de Milcho Leviev « Jim, Gem, Jam » interprétée par
Ivo Dobrev (violon)
Kristina Dobrev (contrebasse)
et Ivo Venkov (piano)
Un grand merci à eux trois !
Linda
Son nom était Linda
je me souviens de sa musique
Elle jouait un piano triste
qu’elle avait inventé, je crois
et c’était beau
Je n’aimais pas
quand la lumière tombait verte
sur le tapis
19 mai 2020
Je reviens de la nuit
J’ai quinze ans à Brazza
et le jour se lève
chaleur et moiteur déjà
montent autour de mes jambes
Les matins sont pâteux
quand on ne dort pas
J’ai quinze ans
et reviens de la nuit
Vivre au jour le jour
mais à la nuit la nuit
aussi
Neil Young, tes accords
J’ai toujours quinze ans à Brazza
et reviens de la nuit
18 mai 2020
La confinitude
“On a eu l’impression, pendant cette épidémie, que la réalité devenait plus agréable: le ciel était bleu, il n’y avait pas de voitures… il y a un espoir que des choses changent” (Hubert Reeves , La terre vue du coeur)
Certes, mais ce que je vois, c’est que ça a agi comme un révélateur de choses bien petites aussi. Moi je n’ai pas d’espoir que les choses changent. L’humanité n’en sortira pas grandie parce que l’humanité n’est pas grande. L’humain est petit et le restera. Ce que je vois, c’est le verre à moitié vide. Même si malgré tout, on peut voir le verre à moitié plein, il y a des gouttes qui le font déborder. Ces gens qui veulent chasser la voisine infirmière parce qu’elle est en contact avec des covidés et risque de contaminer l’immeuble… Ce propriétaire qui veut virer un locataire malade parce qu’il n’est pas question qu’il crève dans son appartement… La délation, les petites haines culpabilisatrices et donneuses de leçon, l’égoïsme des petits mon cul d’abord (je ne parle pas que du PQ). Cette humanité est monstrueuse, comment voulez-vous avoir de l’espoir ? Je ne parle même pas de ce gouvernement incompétent qui nous sert des discours huileux pour mieux nous en…tuber ni de ses chiens de garde qui abusent du pouvoir qu’ils ont et ces autres chiens de garde qui abusent du pouvoir neuf qu’il s’improvisent et se donnent. Exemple, cette gérante de supermarché qui refuse l’entrée à un homme parce qu’il vient chaque jour prendre un litron de vin sous prétexte que ce n’est pas un achat de première nécessité…
Tous ceux qui sont grands (mes amis, je vous aime), le sont parce qu’ils l’étaient déjà, merveilleux de générosité et d’humanité tout simplement. Ils le restent.
Je suis une privilégiée, mon chez moi est magnifique, ouvert sur les arbres et les oiseaux. Je ne peux pas me plaindre.
Je me mets à la place de celles et ceux qui n’ont pas même un balcon à leur fenêtre. Je vois passer des publications aigries et jalouses. Je peux comprendre mais j’ai mes limites : la délation me révolte et je ne la comprends pas. Allo la gendarmerie ? La voisine laisse ses gosses jouer dehors / Il y a une personne dans mon immeuble qui n’habite pas là normalement / Un couple fait ses courses en ne respectant pas la distance de sécurité…
J’ai la chance d ‘être confinée avec l’homme que j’aime et il n’est pas question de gestes barrière entre nous, moi c’est dans ses bras que je me sens en sécurité.
Et puis je connais une personne, confinée en ville dans un tout petit studio. Alors qu’elle a perdu ses chats, sa vue sur la montagne et sa rivière, (je ne dis pas son nom, elle se reconnaîtra), elle, quand elle prend son téléphone, ce n’est pas pour appeler les gendarmes, c’est pour vous lire un poème.
Je salue aussi la multiplication de ces échanges poétiques via les réseaux et les courriers électroniques, circulation de pépites.
Je salue aussi la créativité, l’inventivité de ces billets ou dessins ou vidéos d’humour. C’est généreux de donner du rire.
Je salue la solidarité de ces gosses (ce ne sont plus des gosses mais l’un d’eux est le mien alors je me permets) qui se sont pris une amende de 135 euros chacun pour non-respect de l’interdiction de regroupement amical alors que l’un d’eux rapportait simplement le linge propre de ses copains qui vivent en colocation dans une maison dont la machine à laver est en panne.
Il paraît que je suis une personne à risque et qu’il me faudra être vigilante lorsque je sortirai. Mais je suis déjà contaminée par la rage, c’est pas bon pour mon cœur, m’sieu l’agent.
Je ne m’ennuie pas, je n’ai jamais su m’ennuyer. Je fabricole des poupées à l’effigie des amis, ça me permet de penser très fort à eux, je couds notre amitié avec le fil qui nous relie. J’écris de la poésie et je fais des vidéos avec des images qui me viennent des oiseaux, c’est ma manière de m’échapper.
Enfin, il ne me semble pas que ce soit une poésie cui-cui les petits oiseaux, mais il paraît quand même que ça agace. On voudrait que je témoigne de mon confinement avec souffrance, la souffrance est de mise.
Mais je souffre, voyez bien. Je souffre de mon manque d’espoir en cette humanité hallucinante de laideur. Il y aura de l’espoir lorsque les cerveaux, eux, ne seront plus confinés. Les cerveaux de ceux qui ont le cœur masqué.
Ayé, je l’ai fait mon témoignage de confinement sur l’actualité barbelée, j’ai vidé mon verre.
8 mai 2020
Aujour’nuit
On se demande pourquoi
il ne fait pas sommeil
s’il fait lune aujour’nuit ?
On déroge à la lune trop souvent ces temps-ci
ce temps qui passe
pendant ce temps
et on se demande ce qu’on fait là, encore
debout à prendre froid
Car il fait trop froid
pour aller sous la lune dehors vérifier
Si le feu n’était pas éteint
on ajouterait du bois
Ne te découvre pas d’un fil
perdu quelque part
en avril alors qu’on est en mai
On cherche les mots qui poignent
une musique à décrocher le cœur
ou quelque chose qui y ressemble
4 mai 2010
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