Des images et des mots
Quelques notes
Musique de SaReGaMa
Il pleut un long jour sale
Ombres luisantes des goélands
ciel de verre fumé
et le rêche panorama
des mats hérissés dans la baie
Ça vrille dans le tunnel blanc
Contre la paroi souple du sas
un cœur bat qui n’est pas le mien
Le cardiologue est un enfant
On
se tait
ne pense à rien
ne pardonne pas à l’infirmière
d’être un homme
17 mai 2013
Le courant des rivières
Musique de Rivière Noire: » Bate Longe »
C’est le matin
Le matin est à venir
Comme une palissade éventrée
Brèche béante où le vent bat
J’ai descendu loin, je crois
Les marches, vis sans fin
Le courant des rivières, le cours de ma vie
Le matin est à gravir
Il y a de l’espoir à traverses
Une pleine brassée de silences
Saturés de voix comme il se doit
Mais le souvenir est neuf
Il prend sa source aux vasques de soleil
Où j’ai lavé, lavé les brûlures du froid
Le souvenir est neuf, je l’ai puisé demain
Juste dans la coulée de lumière du matin
10 septembre 2012
Le galop océan
Musique hang drum et flûte de TUKAMAMA
Fermer les yeux pour s’isoler des compassions
mais la souffrance est crue
nue
exposée
On ne meurt pas de ce que j’ai
alors…
Chasser des cils les images interdites
la mémoire verrouillée
II pleut en biais à chaque battement
Laisser filtrer le mistral
la houle de ses crêtes
son souffle de ressac
La lumière balaye ce qu’il reste de rivages
et l’ombre des nuages dévore l’horizon
Eclairière de vif-argent
Dans les crinières graminées
soulever sous les paupières
le galop océan du vent
23 mai 2012 texte et montage vidéo écrit et réalisé à la clinique entre deux injections de morphine…
Réverbération
Fil de verre de René Aubry
Une coque de bateau dévorée de reflets
Où danse la lumière ivre et lente
Et soyeuse
Du soleil dans l’eau qui me tient lieu de jour
Et d’encre
Tout est contenu là
Dans la lumière qui tangue
Une coque de bateau comme une page blanche
Et l’écriture de l’eau
Puisée à même la vie
Danse la lumière ivre et lente
Et soyeuse
Fleurs de mer épanouies
Puisées à même le port qui me tient lieu d’attache
amarre où s’ancre encore l’infime
Des cicatrices
Tout est contenu là
Dans la lumière froissée
Une coque de bateau comme une page noire
L’écriture de la lune
Puisée à même la vague
Léchée de lumière ivre et libre
Et rebelle
Comme des flammes puisées
A même les sources brunes
Une coque de bateau dévorée de reflets
25 avril 2012
Eternité
Musique de Voltene Sue
Quête ramifiée de chemins
Lignes d’un vivre comme je peux
Sur la paume de quelle main ?
Le ciel se propage
Chaque soir a son voile pourpre de soleil
Chaque aube sa traîne de nuit
Une éternité d’étoile mesurée à son seul écho
Cet éclat-là m’arrête
Je m’arrête à la plissure du vent
A peine un frémissement lisse de l’eau
Silence de mangrove peuplé d’oiseaux
Le ciel se propage
Sous l’aile d’ombre tendue
Je bute sur les pierres
Toutes ces pierres blanches
Qui ont marqué les jours
Et comblé les ornières
Le lit de mes torrents
Je passe à gué ma solitude
Le ciel se propage
Noces déployées d’hier et d’ailleurs mêlés
Et c’est encore demain
Et c’est déjà ici
Un enfant échappé d’on ne sait quelles frontières
Racle sur le trottoir les roues de son tricycle
L’étoile de son rire comme une éternité
Mesurée à son seul écho
4 avril 2012
Le temps d’une vie
Boucles bouclées dans tous les sens
jusqu’à n’en plus trouver aucun
trotteuse au tic tic pendulaire
boucles bouclées dans tous les sens
jusqu’à n’en plus trouver aucun
Une petite musique en décrue
fondu enchaîné les nuits ouvertes
trotteuse au tic tic pendulaire
grignote des pans d’oubli à l’envers
Boucles bouclées dans tous les sens
jusqu’à n’en plus trouver aucun
une petite musique en décrue
Je rafistole comme je peux
mes rideaux de nuits saltimbanques
à la pénombre rouge flamme
les trous à l’âme que ça fait
Fondu enchaîné les nuits ouvertes
comme des couloirs qui se répètent
à l’infini
à l’infini
Des secondes
cousues bout à bout
et ça finit par faire une vie
Musique de René Aubry: Chaloupée
Mars 2012
La vie en crue
pour un chemin d’écume tendu entre les pierres
j’ai joué ce qui reste
j’ai gagné ce qui vient
le rush du courant, la crue des sentiments
la lumière minérale qui me bat dans les veines
ondes, la vie en perfusion
le ciel charrie du vent et charrie des oiseaux
et puis l’écho de l’eau
et j’ai joué
dedans
j’ai joué ce qui reste
j’ai gagné ce qui vient
le vent charrie du ciel, les oiseaux des rivières
ma vie un allant vers
Décembre 2011
Un élan bleu
La tournée des potes
De plein fouet la lumière
A la lisière du vent il y a plus de bleu
Et j’ai pris mon élan
Peut-être retrouver un peu de soi perdu
Aux brumes limitrophes
Aux saisons frontalières
Et puis c’est égarer un peu de soi aussi
Le chemin est plus long
C’est plus de pas à faire
Dans le redevenir
Dans le ciel à l’envers
Rester encore un peu
Garder un peu de temps
Garder
Ce qu’il y a de ciel là-bas
Plus bleu, plus grand
Une pause initiatique
Et puis c’est égarer tellement plus que cela
Quand je vous perds
Orion de l’hiver
Décembre 2011
Sillage
Matins poudrés de mauve, la forêt
Il souffle comme un mirage
Et le perlé des rires dans le vent
Tu as laissé l’enfance à l’adret des frontières
Où nous aimions aller
Je ne t’attendrai plus au pied de ce silence
Sur ce versant du monde, soleil cristallisé
L’élan de la lumière, le lasuré des ombres
Les rives de l’ hiver ailleurs nous relient
Ailleurs nous rejoint
Il souffle un vent froissé d’échos perdus
L’heure est au grandir loin
Et puis dans ton sillage
Il en manquerait une
sur trois ébouriffées
Octobre 2011
Ce qui devient
C’est une souffrance étrange. (…)
Mourir de nostalgie pour quelque chose que tu ne vivras jamais.
Soie, Alessandro Baricco
Ce qu’il advient des mots couverts de paysages
C’est limpide et c’est inutile, je le sais bien
L’entête des nuits que je poursuis
Le sceau de lune toujours, partout
Que je trimbale sans faire exprès
Je rature, je rature tout ce qui devient
C’est plus fort que moi
Ce trait de khôl qui appartient
Au désert d’eau que je traverse
Aussi loin que porte le regard
Cet aussi loin dont je reviens
Quand la mer est à bout portant
Et que le ciel est anthracite
C’est comme le chagrin et l’amour
C’est un brouillard qui perdure
Des torrents figés de galets
Des barreaux devant l’horizon
Charpentes de métal rouillées
L’été dissous à contre-vent
C’est comme ça que je la préfère
La plage, et son embrume de sel
Je sais ce que je n’attends plus
J’aurais sûrement voulu un peu
Plus ou moins de
Et surtout pas
Surtout pas de rien mais
On va dire que je n’ai rien attendu
Rien entendu, n’est-ce pas ?
On va dire qu’on ne s’est rien dit
Des appels manqués sans messages
Je n’entends pas, je n’entends pas
Je ne veux pas ce qui devient
Ce qui devient va me faire mal
Novembre 2011
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