Avant de partir j’ai jeté dans le poêle
les traces de moi
ne rien laisser
c’était trop lourd à porter
je n’ai pas autodafé ma mémoire
j’aurais dû
mais j’ai brûlé beaucoup de visages, des lettres, des carnets
une bûche, des photos, une bûche
c’est fou tout ce qu’on accumule
comme projets raturés
les brouillons d’une vie
des années, des années
comme ça, en fumée
le tiroir plein de cendres
je suis désolée, j’ai presque plus rien de vous
du coup
vos cœurs gros comme ça
ça ne rentrait pas
dans mon sac
et puis je me disais qu’on recommencerait
qu’on se refabriquerait des souvenirs
ailleurs
sauf Ceux qui ne sont plus
ils ne sont plus du tout
du coup

Août 2011