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Quinzième volet

Voyage…

Pourtant

Nous nous sommes souhaités un chemin empierré de soleil
Nous avons déjoué le harcèlement bleu des ombres
Congédié les souvenirs
Dansé autour d’un feu
Feue l’année
Place à l’an demain
Il faisait un beau froid
(les étoiles piquaient)
Aujourd’hui est un jour criblé d’éclats
De pauvres éclats de vers comme autant d’échardes
Sur la promesse d’un chemin
Ce chemin de pierres et de soleil
Rire noué
Desserrer dans la gorge
L’étreinte de la lumière

10 janvier 2015

Une ville, la nuit

La ville était un buvard
Ses feux absorbaient le ciel
Façades illuminées au travers des arbres
Il suffisait d’une saccade de l’air dans les feuilles
Et la lumière se froissait
J’effritais la nuit entre les cils
Ça faisait des miettes d’étoiles
Maintenant c’est comme ça aussi
Mais personne aujourd’hui n’habite plus ce poème

9 décembre 2014

La fête du porc

La fête du porc

Poupée fabricolée à l’effigie de la susdite

Ce week-end j’ai vu Anita.
Anita est mon amie depuis longtemps.
Nous n’avons pas élevé les cochons ensemble mais presque…
Elle se prépare à faire son bois pour l’hiver.
Elle a changé la bougie de sa tronçonneuse.
Elle a démonté, nettoyé et remonté le carbu, tiré sur le lanceur.
Sa Stihl démarre au quart de tour et ne tousse plus.
Satisfaite, elle arrête le moteur et s’apprête à affûter la chaîne de la tronço.
– Tu vas aller à la fête du porc ? C’est bientôt, non ? Me dit-elle entre deux coups de lime.
– La fête du porc ? Où ça ?
– Ben à Nice.
– Non ? Qu’est-ce que tu racontes ?
– Tu ne connais pas ? C’est le comble, c’est moi qui t’apprends ce qui se passe à Nice ! C’est qui, qui habite en ville maintenant ?
Il paraît que c’est bien. C’est Yann qui m’en a parlé, il y va tous les ans.
– …
– Pourquoi tu me regardes comme ça ?
– …
– Pourquoi tu rigoles ?
– La fête du porc à Nice… ! Tu vas y aller, toi ?
– Oh tu sais, moi, descendre à Nice…
– Mais c’est quand ?
– Je ne sais plus ce qu’il m’a dit, septembre ou octobre, je crois.
– Mais c’est pas trop tôt ?
– Qu’est-ce qui est trop tôt ?
– Mais la fête du porc… On ne tue pas les cochons en septembre ou octobre. A Nice, en plus !
– P.O.R.T. le port, espèce de plouc !

4 septembre 2011

Le vent

Corridor léger où s’engouffre l’automne
Et c’est comme une flambée dans l’ivre de l’instant
C’est la même musique
Une bourrasque de feuilles
Comme jupe qui bruisse
Dans le geste fugace et flamenco du vent

31 novembre 2014

Le poème emporté

Mouettes par poignées

échappées            main du vent

Embruns de plumes et

soudain plus  

Le ressac a brassé tout l’alphabet d’écume

Les oiseaux          mots                     dispersés

c’est comme ça que tu  

          combler          silences blancs

    souffle              aux nuages

Océan ciel

            loin               loin

leurs cris                     ta voix

23 novembre 2014
Extrait de L’or saisons aux Editions Tipaza

Train de nuit

Train de nuit

La voie ferrée longeait la route
Que le fleuve bordait
Le tunnel de la nuit toussait des lampadaires
Des chapelets de phares
Des serpentins de feux
Des quais désaffectés mais noyés de lumière
Le fleuve, on ne le voyait pas
Mais on le savait là
Ce néant fluide entre deux rives
Pénombre capitonnée qui ne toussait rien

16 novembre 2014
Publié à La Barbacane n°99