Quinzième volet
Voyage…
Pourtant
Nous nous sommes souhaités un chemin empierré de soleil
Nous avons déjoué le harcèlement bleu des ombres
Congédié les souvenirs
Dansé autour d’un feu
Feue l’année
Place à l’an demain
Il faisait un beau froid
(les étoiles piquaient)
Aujourd’hui est un jour criblé d’éclats
De pauvres éclats de vers comme autant d’échardes
Sur la promesse d’un chemin
Ce chemin de pierres et de soleil
Rire noué
Desserrer dans la gorge
L’étreinte de la lumière
10 janvier 2015
Un hiver au soleil
Prendre le pouls de l’hiver
Aux poignets nus des arbres
Pulse une sève lente
Chaleur abstraite, imagée
D’un ventre de mouette offert à la lumière
3 janvier 2015
Publié à La Barbacane n°99
extrait de L’or saisons (Editions Tipaza)
…
La dernière fois que je t’ai vu
C’était là
Sous le ciel
29 décembre 2014
Une ville, la nuit
La ville était un buvard
Ses feux absorbaient le ciel
Façades illuminées au travers des arbres
Il suffisait d’une saccade de l’air dans les feuilles
Et la lumière se froissait
J’effritais la nuit entre les cils
Ça faisait des miettes d’étoiles
Maintenant c’est comme ça aussi
Mais personne aujourd’hui n’habite plus ce poème
9 décembre 2014
Darling
Darling from C. Daviles-Estinès on Vimeo.
Musique de Chapelier fou « Darling, darling, darling »
Pot-pourri suite
Home Again from C. Daviles-Estinès on Vimeo.
Home Again: musique de Michael Kiwanuka
La fête du porc
Poupée fabricolée à l’effigie de la susdite
Ce week-end j’ai vu Anita.
Anita est mon amie depuis longtemps.
Nous n’avons pas élevé les cochons ensemble mais presque…
Elle se prépare à faire son bois pour l’hiver.
Elle a changé la bougie de sa tronçonneuse.
Elle a démonté, nettoyé et remonté le carbu, tiré sur le lanceur.
Sa Stihl démarre au quart de tour et ne tousse plus.
Satisfaite, elle arrête le moteur et s’apprête à affûter la chaîne de la tronço.
– Tu vas aller à la fête du porc ? C’est bientôt, non ? Me dit-elle
– La fête du porc ? Où ça ?
– Ben à Nice.
– Non ? Qu’est-ce que tu racontes ?
– Tu ne connais pas ? C’est le comble, c’est moi qui t’apprends ce qui se passe à Nice ! C’est qui, qui habite en ville maintenant ?
Il paraît que c’est bien. C’est Yann qui m’en a parlé, il y va tous les ans.
– …
– Pourquoi tu me regardes comme ça ?
– …
– Pourquoi tu rigoles ?
– La fête du porc à Nice… ! Tu vas y aller, toi ?
– Oh tu sais, moi, descendre à Nice…
– Mais c’est quand ?
– Je ne sais plus ce qu’il m’a dit, septembre ou octobre, je crois.
– Mais c’est pas trop tôt ?
– Qu’est-ce qui est trop tôt ?
– Mais la fête du porc… On ne tue pas les cochons en septembre ou octobre. A Nice, en plus !
– P.O.R.T. le port, espèce de plouc !
4 septembre 2011
Le vent
Corridor léger où s’engouffre l’automne
Et c’est comme une flambée dans l’ivre de l’instant
C’est la même musique
Une bourrasque de feuilles
Comme jupe qui bruisse
Dans le geste fugace et flamenco du vent
31 novembre 2014
Le poème emporté
Mouettes par poignées
échappées main du vent
Embruns de plumes et
soudain plus
Le ressac a brassé tout l’alphabet d’écume
Les oiseaux mots dispersés
c’est comme ça que tu
combler silences blancs
souffle aux nuages
Océan ciel
loin loin
leurs cris ta voix
23 novembre 2014
Extrait de L’or saisons aux Editions Tipaza
Train de nuit
La voie ferrée longeait la route
Que le fleuve bordait
Le tunnel de la nuit toussait des lampadaires
Des chapelets de phares
Des serpentins de feux
Des quais désaffectés mais noyés de lumière
Le fleuve, on ne le voyait pas
Mais on le savait là
Ce néant fluide entre deux rives
Pénombre capitonnée qui ne toussait rien
16 novembre 2014
Publié à La Barbacane n°99


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