Quinzième volet
Voyage…
C’est comme ça
Elle est trop tard la vie,
la course d’Est en Est,
de matin en matin,
connectée aux rumeurs des galets.
Geyser écume qui t’éclabousse,
sanglot en travers qui t’éclabouche.
Tu t’es donnée ce rendez-vous avec la mer.
Tu t’es inventée cette urgence
chaque demain.
Et je reviendrai toujours
parce qu’elle est trop tard
la vie pour rien
sans tes mains sur la guitare.
Je reviendrai toujours
parce qu’il fait bon s’attabler
aux notes apaisées
que tu joues.
C’est comme ça qu’on s’amarre.
Janvier 2011
Réminiscence
au travers d’une soie
de songes chaotiques
pulsation filigrane
où je nais, où j’enfance
S’en fout la mort taxi
rebrousse son chemin
de torchères alignées.
Nous-mêmes, nous-mêmes
mbolo ani
S’en fout la mort s’enfuit
La lune transparaît
et le matin l’emporte
J’arpente
J’arpente.
A pas comptés
je prends la mesure
du travers champ qui nous sépare.
J’en mesure l’en pleurs.
A pas compter, plus jamais.
Démesurer la distance
et la profondeur du chant qui nous dépare.
Un décompte à rebours
d’un contre-jour qui passe.
J’ai déplacé le cordeau,
il zig et zague à travers temps,
arpent d’éternité.
Prendre la distance du maximal.
Les maux s’effacent au fur et à mesure
les maux s’effacent
les maux
Janvier 2011
C’est l’heure ailleurs
C’est l’heure ailleurs
d’un vol d’engoulevent
arraché au ruban
de chaleur goudronné
C’est l’heure ailleurs
des ombres sous la lune
le bruissement du vent
comme une éclaboussure
C’est l’heure ailleurs
du souffle rose et nuit
d’un point du jour naissant
Isthar incandescent
C’est l’heure ailleurs
d’une brume serpentine
où se portent mes pas
plus avant
Janvier 2011
Flagrant délit
La lumière peut embraser l’aube,
écarter les parois d’orage,
silence émaillé de clarines,
effluves de fumée dans le vent.
Réminiscences comme des vagues
de l’odeur salée du thym bleu,
la robe chamoisée des chèvres,
spirales des fossiles granuleux.
Le filet de jour qui filtre
aux interstices des amitiés
happe en plein vol les papillons
de ma solitude buissonnière.
Des milliers de chandelles soufflées
quelque part dans les rues du monde
à la seconde où je suis prise
en flagrant délit de plein ciel.
2011
Maintenant que tant pis
Maintenant qu’il fait nuit
maintenant qu’il fait vent
tu pourrais peut-être laisser
s’éparpiller les poussières de nous
Maintenant qu’il fait blanc
de neige sous la lune
laisser l’hiver couvrir nos pas entremêlés
Maintenant qu’il est tard
maintenant qu’il est temps
de ne rien espérer,
laisser venir demain épars
tant pis aller
Janvier 2011
Déliquescence
Ces sympathiques tablées
à nous refaire un monde,
c’est pas pour demain le Grand Soir.
Incoercible, faut croire,
ce haussement des pôles
qui nous a jetés loin,
notre Pangée fragmentée.
Une petite coupure
sur la page que tu voulais lisser,
sans faire exprès, faut voir.
Nous étions deux, soigneusement,
à agrandir la déchirure.
Ne restait qu’une infime connivence
en instance d’antipodes,
un petit bout de morcelé
qui te pendait au nez.
Pointillés
prédécoupés
je me détache
et me délite.
Janvier 2011
Goulée d’air
Au p’tit bonheur
la chance de ton rire
dans mon cœur cafouillis
Janvier 2011
Les petits riens
A quoi ça tient debout
les petits riens ?
Un cerisier, un chat, un geai,
une plume de zèbre
dans la rosée.
A quoi ça rime,
les poèmes
avec au bout je t’aime ?
Un chagrin compulsif
noué au plein fouet d’un décès,
tu fais part.
A quoi ça tient
les petits riens du Tout ?
Spider cochon au plafond,
t’es pas bien dans ma tête.
Janvier 2011
Blues
Essoufflée oppressée opaque
la touffeur sourde des tac tac
de mon coeur marteau !
Maldonne, l’as désastre
pique ma tête de mauvaise pioche
Il a clouté tous mes passages
et balisé toutes mes angoisses
Enfant de la balle au rebond
dire bondir
toujours plus loin
me libérer des mélopées
où se lovaient nos taire à taire
Lancinent les appels
de la lune plein phare
mon globe bleu et blond
et blues.
Janvier 2011
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