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Quinzième volet

Voyage…

Never mind

L’éclat bleu de la lune par la fenêtre ouverte
Les bambous sentinelles à l’entrée du chemin
L’entour à la démesure du ciel
Les notes sporadiques d’un silence de forêt
Un bruissement fruité de feuilles
Sous les pas
Va et vient l’impatient piétinement des chiens
C’était ma nuit
 
L’éclat bleu d’un écran par une fenêtre ouverte
Partition rectiligne de fils électriques
Un bout de ciel entre les tours
Et la carrure de leurs ombres
Le silence découpé aux lames d’une rumeur
Lointaine et mécanique
Va et vient le scooter du livreur de pizzas
C’est ma nuit
 
C’est ma nuit pourtant

Mai 2011

Rêve étrange

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
De ce puits où j’épuise et puise ma solitude
J’ai l’air de ne rien attendre ni personne
Un soleil d’orage chamarre d’arc-en-ciel
Le cœur battant du vent
Travelling arrière toute
La roue tourne
Roue libre
Mentalement je chantourne l’horizon profilé
En dehors des sentiers battus et rebattus
En deçà je trébuche
Tout petit, petit grain d’un sablier géant
De sables émouvants
Avancée, avancer d’urgence contenue
Jusqu’au puits où j’épuise et puise ma solitude
Trouver une issue de recours
Et le souffle vital à me sortir
De là

Mai 2011

What kind of love is this ?

Comme si j’avais eu rendez-vous
Avec ce paysage
Mais c’est un hasard sans message
Ce retour à la soif
Ces roches immuables
Un peu plus de lierres sur les murs
Un peu plus de pierres éboulées
Des flaques de lune sous mes pas
Possédée d’étoiles
Je pourrais rester là
Dans le jeté des ombres de ce feu séculaire
Les mots comme des passerelles
Traverser les averses de passage
D’une rive à l’autre glisser
Dans ce no man’s land habité de silence
Les souffrances pointillées
Les accrocs méthodiques
Et les instants tissés de nos patientes failles
What kind of love is this?
Je pourrais rester

Sur cette idée de vent tout droit sorti d’hier

Mai 2011

Chrysalide

Je me croyais plus forte et lisse
d’une force lissée à toute épreuve
surface d’eau dormante
mer étale
hermétique
mais tu souffles un vent aigre
plissant de cicatrices l’infime et l’infini
chaleur d’hier d’une terre réfractaire
j’ai froid
empreinte abrasive de sentiments mêlés
au moindre signe de toi
sauve qui ne peut pas
soudain égarée dans la rue
je tombe
dans le panneau Toutes directions
à défaut de savoir où diriger mes pas
et mes ne pas
mes certitudes mal menées
je sais
pourtant je sais
mais c’est plus fort que moi
il faut que je me perde
il faut que j’aboutisse
à la métamorphose  

Mai 2011

Devant

Déjà
Encore au bord d’un presque ciel

Je suis au confluent des possibles à venir
Ce couloir tangible où je m’avance

Je sais quelque part un chemin d’horizon
Faisceau des noctiluques apportées par les vagues

Et les vagues se meurent
Et les étoiles s’éteignent
Dans un crépitement de sable silencieux

Déjà encore
Au bord d’un presque ciel

Une coulée de lumière de lune
Réverbère sur la mer un sillage d’étincelles

Reste l’or des poussières aux reflets malachite
Qui dansent dans les rafales d’un soleil naissant

Déjà encore au bord
D’un presque ciel

J’impatiente

C’est comme si la nuit était restée là-bas
Avec ses noctilunes noyées comme tout le reste
L’océan, les embruns, les mirages
Et le temps

Déjà encore au bord d’un presque
Ciel

Devant

Mai 2011

Equilibre

Je suis revenue là,
à vol d’oiseau de proie
j’étais si près.
Je suis revenue seule,
seulement respirer.
Ils m’ont dit tu reviens,
ils m’ont dit bienvenue.
Une clenche de la porte entr’ouverte sur hier,
ma main sur la poignée,
un pied de chaque côté de l’accueil du seuil
en équilibre.
J’ai goûté le silence des abeilles
et du troupeau qui chôme aux abords du point d’eau.
J’ai bu la lumière parfumée du matin.
Ici rien n’a changé,
le soleil à sa place.
Rien ne sera jamais.
Ca ne m’a pas fait mal,
ça ne m’a pas blessée.
J’ai cueilli des bribes de demain
en bouquet évasé.  

Mai 2011

Peut-être mais

Dessous les frondaisons des îles révélées
Chercher l’or lisse et l’ambre
Des lumières à venir
Une trace de soleil éventré
Déversé
J’ai peut-être rêvé ce lambeau de chemin
Là dénoué
Ce coton de ciel pourpre
Ces griffures de ronces
Et de rosiers mêlées
Mais la couche d’un chevreuil
Au creux de l’arbre mort

J’ai peut-être rêvé les brindilles foulées
Et l’antre abandonné
Où je venais enfouir l’horizon à mon tour
Sauve/garder ce qu’il restait de moi
Chaque fois, chaque foi j’y croyais
Une idée de sentier l’été
Aux poussières soulevées
Peut-être j’ai oublié

Une idée de mistral aura tout emporté
Peut-être

Mais un velours poivré
De menthe dans la bouche

Avril 2011

Texte paru à La Cause Littéraire

Aujourd’hui maintenant

Aujourd’hui maintenant
un goût de matin hier
et de plus loin encore
Il fait un ciel de mai
blanc bleu
celui du travers des hublots
C’est un temps à aller en France
tu disais

Aujourd’hui maintenant
cette couleur d’enfance
La cour de sable blanc balayée de soleil

C’était gai

Il fait une lumière Tchad
je disais
cette lumière aux façades de midi
où venaient se cogner les oiseaux aveuglés

C’était triste

Effacer les pieds nus sur la terre battue
tirer une couverture de nuit derrière nous
je peux fermer les yeux
reste l’encre éblouie de nos traces de pas
l’empreinte de nos rires
les notes du silence
qui suit

Dans le geste du vent
il s’annonce une pluie

Aujourd’hui maintenant
est une attente d’oubli
comme un ciel délivré

Même pas peur
tu disais

Mon courage à demain  

Avril 2011

Des bris de vers

J’attends un ciel à verse de l’eau
sous les ponts, les viaducs, les passerelles.
Je regarderais couler la scène
de nos vies, ce qu’il en reste:
les bribes les fractures le squelette les miettes
les fragments les échardes les scories
les épines les déchets les esquilles.
Resquiller un peu moins de solitude
avec mes bris de vers
mais les liens sont tissus de mensonges frelatés.
Derrière mon écran et sa fumée,
de la poudre aux yeux
d’escampette, je prendrai.
Miroir mon beau miroir déformant
mon alouette, je te plumerai le bec
et le bec je clouerai.

Avril 2011

Même si

Home Again: musique de Michael Kiwanuka
La vidéo est de 2013

Je la vis bien ma vie
Je l’endosse comme une soie légère
Au soleil réversible
Souple et ample
Elle me va, même si

Les traces de brûlures
Cicatrices de failles, les césures tatouées
Les veines d’éboulis

Pour l’heur
Il est des lumières frisantes qui me hantent
Et me portent
Et je la porte bien, ma vie
Elle est riche des histoires croisées
De passants du passé, traversées de chemins
D’où je viens même si

Même si un autre sol d’où je vais
Je vais bien  

Avril 2011