Quinzième volet
Voyage…
Les amis de mon ado sont mes ados

Ils se sont éployés ailleurs
après avoir inachevé mon tôt-matin
Le calme enfin
Et le silence alors
Faire l’appel des absences
Toutes ces brosses à dents, oublis intentionnels
Coloré bouquet raide, pêle-mêle garde-à-vous
Ils reviendront
Dans 6 mois ? tout à l’heure ?
En attendant j’attends
Je suis à l’envers dans ma chemise
Les boutons dans le dos
Tu vas avoir un cadeau
Le présent de leurs voix
Leurs voix de vieux enfants
Donnent des coups d’épée dans l’eau
Au fond du verre
Il reste un peu de rires
Comme des éclaboussures
A l’extérieur de leurs écouteurs
C’était juste comme un insecte
Il grésillait dans l’air
Et je l’ai dans la tête
20 avril 2012
Défriche
En déchirer la résille
Un soi filé
Emotter la glaise des mots tellement pétris
Eclater sur les murs le moule usé
Des paroles aux vers dépolis
Charivari d’écrits
Clones cursifs
Faire encre d’un désert
Aux origines blanchies comme des os
Plus apatride encore
Exhumer ce qui n’est pas
Je connais le rythme patient des dabas
Le geste qui défriche
Le travail de sape
C’est difficile
11 avril 2012
Texte paru à La Cause Littéraire
Une vie devant soi
Jeter les mots en bas des socles où ils étaient vissés
Travestis de silences comme une fêlure de voix
Les paroles s’échappent d’un trop plein de taire
C’est une plaie ouverte et joyeuse
Une trace de rigole
Un roulis-éboulis de pensées qui se cherchent
Où en étais-je, déjà ?
J’en étais au sens des aiguilles du temps
Aux adieux distillés comme un parfum de fleur
Finalement libérée, merci
Je laisse mes plumes là-bas
Et viens on y va, viens
On y va
Alors vas-y
Vacille
…
Et je pose mes pas sur des pages ouvertes
J’y mettrai des fenêtres coloriées lagon
Des empreintes de sel séché à ton soleil
Des reflets d’avenir
Ce sera juste moi, un peu dépossédée
Presque tue mais vivante
Une sorte de vie devant soi
7 avril 2012
Eternité
Musique de Voltene Sue
Quête ramifiée de chemins
Lignes d’un vivre comme je peux
Sur la paume de quelle main ?
Le ciel se propage
Chaque soir a son voile pourpre de soleil
Chaque aube sa traîne de nuit
Une éternité d’étoile mesurée à son seul écho
Cet éclat-là m’arrête
Je m’arrête à la plissure du vent
A peine un frémissement lisse de l’eau
Silence de mangrove peuplé d’oiseaux
Le ciel se propage
Sous l’aile d’ombre tendue
Je bute sur les pierres
Toutes ces pierres blanches
Qui ont marqué les jours
Et comblé les ornières
Le lit de mes torrents
Je passe à gué ma solitude
Le ciel se propage
Noces déployées d’hier et d’ailleurs mêlés
Et c’est encore demain
Et c’est déjà ici
Un enfant échappé d’on ne sait quelles frontières
Racle sur le trottoir les roues de son tricycle
L’étoile de son rire comme une éternité
Mesurée à son seul écho
4 avril 2012
Les fleurs de mars
Des grains de terre
Me coulent dans les chaussures
Quand les semelles ripent
Sur le chavire battu de vent
Et je claudique, tu vois
La pensée comme un pas à pas
C’est dans l’air du temps
Un parfum de prière
Aux églises sans parois
Il se dit des murmures
Des bourrasques de brise
Il bruine des pépites de grésil pétillant
Au soleil insolent une tombe frangée
De l’eau des pluies salées
Ainsi les giboulées déposent des fleurs de mars
Coquillages de collier au Terminal Départs
Kiss and Fly à perpétuité
Mars 2012
Le temps d’une vie
Boucles bouclées dans tous les sens
jusqu’à n’en plus trouver aucun
trotteuse au tic tic pendulaire
boucles bouclées dans tous les sens
jusqu’à n’en plus trouver aucun
Une petite musique en décrue
fondu enchaîné les nuits ouvertes
trotteuse au tic tic pendulaire
grignote des pans d’oubli à l’envers
Boucles bouclées dans tous les sens
jusqu’à n’en plus trouver aucun
une petite musique en décrue
Je rafistole comme je peux
mes rideaux de nuits saltimbanques
à la pénombre rouge flamme
les trous à l’âme que ça fait
Fondu enchaîné les nuits ouvertes
comme des couloirs qui se répètent
à l’infini
à l’infini
Des secondes
cousues bout à bout
et ça finit par faire une vie
Musique de René Aubry: Chaloupée
Mars 2012
Pour la route
Espérer que rien ne change était un leurre
La mémoire déchiffre à peine les étincelles chapardées
Qu’elles vous picotent l’âme de rouille
N’importe comment n’importe quand
Des printemps de couchants comme ça
Contaminés
Car le ciel même a l’air de fuir
En rubans d’étoiles dévidés
En lueurs d’hier désertées
Elles s’éteignent et s’exfolient en bas des pages
J’ai les mots pour vous retenir
J’ai les mots, je n’ai plus que ça
Sans le seuil aux chiens couchés
Ni les azulejos sertis
Dans la clarté vive des chaux
Il n’y a plus qu’un capitaine
Aux commandes de son silence
Il sera toujours dimanche soir
Comme un trop perçu de naufrage
Il fait dimanche soir aussi
Du côté de celui qui va
Mars 2012
Agenda
J’ai oublié l’adolescente parfum pomme
Mais le sillage Bambou imprègne les pages tournées
C’est comme un agenda
On pourrait reporter les voix d’un vieux décembre
Dans l’écho des prochains rendez-vous à venir
Décombres plurielles, intersections futures
J’insère mes tous petits différents univers
Galaxies du passé incluses
Dorénavant tu comptes
Tu t’immisces dans une solitude toute personnelle
Nouvelle
Si j’arrive à lâcher les pensées carcérales
Qui étiolent le menu déroulant de mon ciel
Depuis qu’il y fait noir
Depuis qu’il y fait loin
Alors peut-être qu’enfin cesseront d’être intactes
Mes belles incertitudes
Février 2012
A vau-l’eau
La houle enfle d’abord et soulève des remous
de noms qui dormaient là sagement déposés
Elle balaye les rivages que l’on croyait éteints
puise à la nuit des temps les cicatrices tues
La vague alors déferle et fait céder les digues
tous les ponts suspendus, les saisons morcelées
les derniers contreforts que l’on avait construits
les barrages d’un rire aux larmes filigranées
Demain enjambe Hier, Aujourd’hui s’éparpille
même la lune à vau-l’eau chatoie désordonnée
dans les reflets dansés de ses mouvement blonds
décompose, recompose sa rondeur brisée
Affleurent à la surface sentiments oubliés
émotions interdites, souvenirs détachés
comme des lames de fond
venues du fond des choses
et d’autres…
In L’or saisons Editions Tipaza
Janvier 2012
La solitude des alouettes
Peindre avec des mots à l’encre miel
Ce qu’il fait si froid à défaire
La solitude des alouettes dans les tessons de miroir
Le vif éclat, le subreptice, la moire des reflets
Sitôt captés, sitôt perdus
Peindre avec des mots une idée d’océan
Pour atteindre le large au bout de soi
Il fait blanc bleu brûlant d’hiver enfoui
Où sont les tracés méticuleux et patients des ruisseaux ?
Tous les chemins quittés et le velours des mélodies ?
Où est mon courage ?
Absorbé…
Mais la note si juste d’un pinceau de soleil ?
Cette touche irisée, harmonique
Absolue
1er février 2012
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