Nous avons pris la route rapiécée
aux calligraphies de goudron
salués au passage par quelques morts

Ce n’était pas triste
c’était une fête comme tant d’autres
Chacun avait apporté son soleil
et j’ai pelleté dans mes décombres
chaque visage resurgi

ceux que je n’ai pas connus
ceux que je n’ai pas reconnus
ceux qui n’ont vraiment pas changé
l’inattendu qui ne me reconnaissait pas
(il a fallu lui dire que j’étais moi)

les absents tout excusés
celle comme d’habitude
toujours si belle habillée
cette autre qui avait tout assorti à ses yeux
ceux qui pour venir, ont laissé
leurs légumes, leurs fromages, leurs abeilles
leur alpage, leur tronçonneuse, leur Tour Eiffel
ceux qui m’ont promis de venir tout à l’heure
et mes trois lumineux droit debout chavirés

Et puis comme ils sont grands
et beaux, tous ces enfants
que je n’avais pas vus devenir

Je te le promets
J’essaierai de rester vivante
encore longtemps pour toi
mon orphelin