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Quinzième volet

Voyage…

Saison des pluies

Je ne sais pas d’où vient cette eau
qui coule dehors, qui coule dedans,
j’écoute une pluie intemporelle.
Une palme effleure la fenêtre, palpitation végétale,
Tropiques liquides sur la vitre.
L’enfance négociée dans un harmonica,
harmonie parenthèse,
je marche en territoire d’oubli.
Si le temps ne passait plus,
là, maintenant,
on arrêterait peut-être d’ouvrir fermer ouvrir fermer
cette porte qui bat en chamade.
Si le temps ne passait plus on arrêterait de chanceler.
La pluie continuerait de tomber,
j’en aurais l’âme ruisselée lavée,
en flottaison.
Je serais encore à trois pas et un fleuve de toi,
le matin ne viendrait pas, la nuit ne serait pas foutue.
Je tracerais avec mes doigts un Congo Brazza de buée.
 
Mars 2011

Rewind

Retiens, retiens
les corossols aux grains d’ébène
les étoiles de carambole
le lilas à la fenêtre
sa branche accoudée au rebord
Retiens, retiens
la si mi si sous tes doigts
se rembobinent et puis s’enfuient
Elles se déroulent à reculons
mes impressions
fugaces éparpillées sépia
Reste un soleil sous apnée
On ne peut pas figer le vent
cette brise d’en vie que je te dois
 

Février 2011

Un dimanche matin

C’est un matin bleu
de brume dehors comme dedans.
Ouaté.
Souris chat je grignote le désordre petit à petit pas
pour n’éveiller personne.
Je tente de faufiler un discret rangement
entre les bouteilles vides, les coulures de bougies,
le sourire du clavier à demi découvert.
Des respirations là, ici un ronflement
s’échappent d’un sommeil improvisé.
J’archive les souvenirs vieux d’une nuit à peine.
Je les classe déjà putain de bon moment.
Je feutre mes gestes au ralenti.
Mais un oeil s’ouvre et le ronflement s’étrangle
car le coeur me bat
et me trahit.
Il ne passe pas sous le silence.  

Février 2011

Le voyeur

Même le silence se ramasse à petites cuillers de mémoire.
Il est péril, il est risque,
il est impasse.
Il avalise mon insomnie,
braque son faisceau d’ombres jetées
sur mon horizon qui s’éloigne.
Il fait reculer le rivage où j’aimerais poser les armes,
les larmes.
Il fouille les replis de ma vie de son regard tentaculaire,
intrusif.
je ne sais plus où je pourrais grandir
maintenant.
Je m’enroule complice dans ce lasso,
en instance délibérée de m’enclore.
Je m’enchevêtre par oubli d’oublier.
Veuillez me le rappeler
poste restante.
C’est urgent.  

Février 2011

Sablier

Les grains d’un noir corail Pacifique
l’étincelle polyphonique du mica 
éclat rose des sables d’Ivoire
J’accomplis mon pèlerinage
de rivages enfuis mais
dans l’étrangle
des mots
un
galet
coincé là
dans le paysage
Et j’aurai beau tourner
et retourner sur mes pas
ne te m’éprends pas de moi
j’aurai toujours la tête en bas
dans le sablier de mon histoire

Février 2011

 

Fièvres

Je franchis
 
des passerelles dont j’ai perdu le code
dans l’urgence de tout jeter, j’ai jeté demain
 
Je brûle
 
d’une mémoire de fièvres erratiques
et je m’égare loin des incendies que tu me tends
 
J’accoste
 
le crépuscule offert d ‘un presque monde
et le murmure liquide d’un vent coulis
 
Je garde
 
le bruissement flamme et feu de la pluie
like a memory it falls crépitant 

Février 2011

Effréné

La pénombre
mi jour mi noire
derrière les vitres,
et ces fronts posés contre, luttant de solitude.
Les immeubles fragmentés de lucioles immobiles,
toutes ces bribes de vie qui défilent
pendant que se fragmentent
mi rouges mi soir
nos ombres.
Je suis ivre du rythme de l’instant que j’emporte,
parce qu’il faudra bien que je le porte en moi
à présent,
à jamais.
Mon coeur effréné bat plus loin que je ne sauve,
dans ce train qui m’en va plus loin que tu ne crois,
plus loin que je ne sais.

Janvier 2011

J’écope

Vider jusqu’à la lie
le trop plein d’un silence
qui me déborde
le trop plein de si loin
en loin où je me perds
le trop plein de ce vide
d’âme où je me noie
J’écope à ras le bol
des larmes à ras bord  

Janvier 2011

Echo-système

Un poison numérique fait son chemin digital
où j’anicroche, je faille, je m’embrase.
A cautériser, je m’applique mais…
Je m’aveugle toute seule au reflet feed-back
d’un soleil métallique.
Friches ou défriches, c’est du pareil au même.
Je me tiens tu me tiens,
il faudrait raser les épines des jours.
Encore la langue qui fourche,
je ne sais faire que ça,
fourcher les mots en double sens
giratoire, je ne sais plus marcher je crois.
Je tourne en rond
ou pas,
c’est du pareil au m’aime.
Aller de l’avant, allez !
j’ai juste oublié de manger aujourd’hui
où avais je la tête ?
Cette peluche que je caresse en pensant à mon chien,
c’est ma poupée vaudouce.
A rêver de tendresse, je m’applique mais.
Il faudrait que je pense à dormir un jour.
Ou même cette nuit.
J’y pense, et puis
j’oublie.
 
Janvier 2011

Ici et au plus loin

Tuer Le Temps from C. Daviles-Estinès on Vimeo.

Musique de Michel Borla
http://www.michelborla.net

J’avais écrit ce texte il y a longtemps, en pensant entr’autres à l’un de mes amis d’il y a plus longtemps encore. Cet ami-là parallèlement, avait fait une chanson en pensant entr’autres à moi.La vidéo est de mai 2013

Ici et au plus loin
la marée peut monter, les vagues engloutir
nos hier et no futur, nos pas entrecroisés,
nos désirs parallèles est-ce que tu le savais ?
Faisceaux de lune froissés sur l’océan,
nos chimères atlantide.
Des noms et des visages floutés mais qui c’était ?
Ceux qui ancraient leurs rêves à des ports sans attaches,
ceux qui encraient leurs mots sur des notes de musique,
ceux qui graffitent encore des soleils pérennes
hors l’écaille des murs.
Des couloirs des reflets des seuils des fenêtres
des rives où me poser, apposer vos empreintes.
Signez là pour marquer cette page d’exil.
Où êtes-vous, mes éperdus ?
Celui qui sait déjà et encore où j’habite
et celle-ci disparue mais j’entends sa voix dire :
peut-être dans longtemps
on se connaîtra toujours…
Et depuis je te cherche
dans l’écho qui nous porte ici et au plus loin,
à l’arrêt sur image des miroirs infidèles
à ce qu’on espérait peut-être devenir.

Janvier 2011

Paru dans Variations sur le Thème de l’amitié, recueil collectif chez Flammes Vives