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Quinzième volet

Voyage…

Non-lieu

Existe-t-il une pause dans le temps
Dans l’espace
Se dire je souffle un peu ?
Y a-t-il des rivages abordés
avec des battements de phares en pinceaux lumineux
Pour tout balayer pffuitt
Existe-t-il une qualité de silence
Qui nous coulerait dedans comme un soleil versé
A même le cœur ?
Une sorte de rire muet en aparté
Quelque chose de léger à vivre
Quelque chose de soulagé
Qui ne devrait rien à rien
Un non-lieu
En fin
Au large de toutes les nuits
Un bonheur autarcique

Novembre 2011

La vie en crue

pour un chemin d’écume tendu entre les pierres
j’ai joué ce qui reste
j’ai gagné ce qui vient
le rush du courant, la crue des sentiments
la lumière minérale qui me bat dans les veines
ondes, la vie en perfusion
le ciel charrie du vent et charrie des oiseaux
et puis l’écho de l’eau
et j’ai joué
dedans
j’ai joué ce qui reste
j’ai gagné ce qui vient
le vent charrie du ciel, les oiseaux des rivières
ma vie un allant vers

Décembre 2011

Un élan bleu

La tournée des potes

De plein fouet la lumière
A la lisière du vent il y a plus de bleu
Et j’ai pris mon élan
Peut-être retrouver un peu de soi perdu
Aux brumes limitrophes
Aux saisons frontalières
Et puis c’est égarer un peu de soi aussi
Le chemin est plus long
C’est plus de pas à faire
Dans le redevenir
Dans le ciel à l’envers
Rester encore un peu
Garder un peu de temps
Garder
Ce qu’il y a de ciel là-bas
Plus bleu, plus grand
Une pause initiatique
Et puis c’est égarer tellement plus que cela
Quand je vous perds
Orion de l’hiver

Décembre 2011

L’édifice

L’édifice d’un nous menti
mais autant d’autres
nos autres
venaient à colmater à la chaux des joies vives
le sabre dans nos murs au bâti de silence
et autant d’autres
nos autres
venaient à étayer le ciel crevé des tuiles
nos autres
Aux badigeons de bleu sur les fenêtres
nos pierres à pierres scellées
nos frères lumineux
ces flammes colossales sur nos terres brûlées
Piliers hypothétiques à nous tenir debout
au bénéfice des doutes ajournés
On verra bien demain
comme on ne sait plus faire
sans eux
Et puis ce demain là alors est arrivé
où ne suffisaient plus, nos autres
nos lierres nous liant
leurs racines, dans les brèches  
 

 

Novembre 2011  

 

Autopsie d’un poème

Il y a des mots qui sont comme des traverses
dans mon paysage
pour en faire un poème
traverse est le premier, paysage le deuxième
imaginez l’ailleurs, le très loin
un espace gitan, la lune en filigrane
(et la fenêtre ouverte, oui je sais)
il y a des mots qui croustillent
à demi-maux
comme des craquillements en surface
ce sont les demi-mesures d’une tristesse
qui bat son plein
le reste étant ce qui est enfoui
dessous
il y a des ponctuations sentimentales
qui changent tout
des absences de virgules par exemple :
de quoi je me mêle, toi ? Est une question
de quoi je me mêle toi ? Est une déclaration
il y a les échos aussi, qui reviennent
souvent souvent souvent
échos de plein de voix, c’est fou, ça !
des bribes de rires surtout
des brou ha ha
qui font de la lumière, j’vous jure
ça éclaire de l’intérieur
c’est comme l’entrechoc des verres
qui trinquent à la santé des copains
c’est magnifique
Et puis il y a le silence

ah le vacarme que ça peut faire, le silence
celui que j’ai commis trop longtemps
à y noyer la résonance de nos pas
alors on n’entendait plus
alors on s’est perdu
au vent
parce que le vent bien sûr
est indispensable dans un poème
pour disperser le ciel
et les nuages d’hier, aujourd’hui et demain
je les ai mis dans l’ordre
mais pour de vrai c’est aléatoire
et en vrac

Novembre 2011

Groumpf

chuuut…
attentive à ne pas faire craquer les feuilles
sous les pas
pas une feuille croustillée
pister comme une indienne
ce frémissement dans l’ombre de la haie
vignes-framboise ronces lianes prunelliers

groumpf

et la haie crépite et se déchire
silence froissé/soyeux comme une flambée
heureuse comme une gosse d’avoir entendu
groumpf
sous la lune

ça prend comme ça de plein fouet
l’automne, le bruit que ça fait
les souvenirs braconnés

 31 octobre 2011

Sillage

Matins poudrés de mauve, la forêt
Il souffle comme un mirage
Et le perlé des rires dans le vent
Tu as laissé l’enfance à l’adret des frontières
Où nous aimions aller
Je ne t’attendrai plus au pied de ce silence
Sur ce versant du monde, soleil cristallisé
L’élan de la lumière, le lasuré des ombres
Les rives de l’ hiver ailleurs nous relient
Ailleurs nous rejoint
Il souffle un vent froissé d’échos perdus
L’heure est au grandir loin
Et puis dans ton sillage
Il en manquerait une
sur trois ébouriffées

Octobre 2011

Ce qui devient

C’est une souffrance étrange. (…)
Mourir de nostalgie pour quelque chose que tu ne vivras jamais.

Soie, Alessandro Baricco

Ce qu’il advient des mots couverts de paysages
C’est limpide et c’est inutile, je le sais bien
L’entête des nuits que je poursuis
Le sceau de lune toujours, partout
Que je trimbale sans faire exprès
Je rature, je rature tout ce qui devient
C’est plus fort que moi
Ce trait de khôl qui appartient
Au désert d’eau que je traverse
Aussi loin que porte le regard
Cet aussi loin dont je reviens
Quand la mer est à bout portant
Et que le ciel est anthracite
C’est comme le chagrin et l’amour
C’est un brouillard qui perdure
Des torrents figés de galets
Des barreaux devant l’horizon
Charpentes de métal rouillées
L’été dissous à contre-vent
C’est comme ça que je la préfère
La plage, et son embrume de sel
Je sais ce que je n’attends plus
J’aurais sûrement voulu un peu
Plus ou moins de
Et surtout pas
Surtout pas de rien mais
On va dire que je n’ai rien attendu
Rien entendu, n’est-ce pas ?
On va dire qu’on ne s’est rien dit
Des appels manqués sans messages
Je n’entends pas, je n’entends pas
Je ne veux pas ce qui devient
Ce qui devient va me faire mal

Novembre 2011

Les lotus carnivores

Si mes souvenirs sont bons
j’ai quelques vies
des cardiogrammes au kilomètre
et l’auto-reverse intégré
lecture aléatoire repeat
C’est facile, pourtant
de se relever
Il suffirait de ne pas déclouer les mots
cesser de soulever le couvercle
Parce que ce que je vois
à la surface, ce que je vois
c’est une grande vasque verre bleu
et trois nénuphars dedans, carnivores
qui me mordent le cœur

Pourtant je garde un soleil vigilant
pour demain
pour quand j’aurai cessé de perpétuer la nuit
nos bouquets japonais
ce qui s’en suit

Octobre 2011

La nuit parenthèse

Pour Chloé et Marie

 

La respiration
Comme des espaces posés entre les lignes
L’attache de mon bras qui m’interdit d’écrire
Je ne trouve aucun charme
Au bleu inextinguible des lueurs de veilleuse
Les secondes murales font presque autant de bruit
Que le galop serti derrière la cicatrice
Et pourquoi aïe ?
Mais tellement vous autour de moi
Rire fou était inévitable
Nous dormirons une autre fois finalement
La parenthèse fermée, c’est vrai qu’elle fut réussie
La nuit
C’était même encore plus beau après
Le vent doré si tôt dans les nuages
C’était du matin qui avance

Comme je ne vais pas mourir
(parce que j’ai pas le temps)
Je lirai l’embrasure des silences
Restés ouverts entre les mots
Et je n’aurai pas mal
Même quand je ris    

11 octobre 2011