
Quinzième volet
Voyage…
Salade de saisons
Le printemps est évidemment vert
de ce vert acide
comme un parfum de pomme
et de bourgeons
L’été est toujours blond
et sec de cigales
Mistral/soda chaud
effervescent
De blond à brun
il n’y a qu’un pas de lumière
que fait l’automne
Hâle de pain brûlé
L’hiver, contre toute attente
n’est pas blanc
Les ombres sont bleues
qui saignent sur la neige
25 juillet 2017
Vision sonore
Un train, soudain, dans le silence.
Il était long, long, long, long,
long, long, long…
Il a traversé la nuit (presque deux fois la page)
de long, long en large
avant d’emporter son lot
de wagons compartiments couchettes
et de voyageurs assis assoupis,
éclairés tout du long, long, long…
Puis le silence s’est refermé
à contre-courant (d’un l’autre à bout)
sur un contrôleur à casquette.
24 juillet 2017
Charlot
Je faisais la queue à la billetterie d’un concert d’Higelin lorsque l’on m’a présenté Charlot.
Dans la file d’attente, il dépassait tout le monde d’une tête. Les cheveux bouclés noirs sur les épaules, les yeux perçants presque transparents à force d’être clairs, le pantalon velours un peu trop court sur ses godillots de montagne.
Il patientait, debout, en lisant Discours de la méthode de Descartes.
Charlot est paraît-il un joueur de trompette. Ou peut-être de saxo, je ne me souviens plus.
Je sais qu’il apprenait aussi à pianoter, et lorsqu’il était à son clavier, ce qu’il déchiffrait habituellement sur le pupitre posé devant lui n’était pas une partition, mais un cours d’anglais.
Il était amoureux à l’époque d’une belle Hollandaise à qui il avait offert un carton plein de bananes parce que les fleurs c’est périssable. Comme il en avait acheté excessivement trop, il avait fait la tournée des copains pour distribuer l’excédent de régimes.
Il travaillait dans une vallée loin de la nôtre mais il lui arrivait de faire des remplacements dans notre secteur. C’est ainsi que quelques années plus tard, nous le vîmes un soir débouler chez nous avec les cheveux aux épaules un peu moins frisottants, un peu plus grisonnants, le regard toujours aussi bleu, son pantalon toujours trop court.
Nous l’invitâmes à notre table puis avant de partir il nous proposa :
— Vous aimez les yaourts aux fruits ? J’en ai acheté pour mon pique-nique de midi et il m’en reste dans la voiture. Et vous voulez une cuillère aussi ? Ça sert toujours, une cuillère. Je l’ai achetée pour manger mes yaourts.
C’est ainsi que nous avons hérité de 34 yaourts (il en avait mangé 2 sur le pack de 36) et d’une grande cuillère en bois.
22 juillet 2017
Sleeping point
Extrait de Sleeping point au festival d’Avignon.
Avec Jean-Jacques Minazio.
19 juillet 2017
La pluie
La robe gonflée de vent noir
Elle court staccato sur les toits
Crépitent ses talons aiguilles
12 juillet 2017
Regain
j’aurais préféré bleus
– tant pis –
volets ouverts verts
sur le bleu des lavandes
sur le rose des tuiles
sur le carillon des troupeaux
j’extrapole
j’attrape le désir
au lasso des poèmes
c’est une maison qui jazze
crépuscule à la noce
le tulle des nuages
et la lune paraphe
8 juillet 2017
Le visiteur du soir
2 juillet 2017
La musique est de Jacques Pellen « Lament for the children »
3 juillet 2017
Je ne suis pas fou
j’ai vu tomber les miens
dans la flambée des bombes
et j’ai compté mes disparus
j’ai compté et hurlé
j’ai eu mal à la folie
j’ai eu peur à la folie
et j’ai fui
follement
mais je ne suis pas fou
j’ai fui avec ma peur
ma douleur
ma mémoire
et mon nom
mon identité sans papiers
j’ai fui sur la folie de la mer
ce désert de vagues
qui n’en finit pas de naufrager
j’ai fait l’appel
follement
de mes compagnons de survie
jour après jour
nuit après nuit
jusqu’à ne plus avoir personne
à compter
et j’ai hurlé à la folie
mais je ne suis pas fou
j’arrive en terre d’exil
où j’asile ma peur
ma douleur
ma mémoire
et mon nom
écrivez-le
écrivez-le pour moi
je m’appelle Ahmed, Mohammad, Zebiba,
Nawal, Ayad, Ganet…
22 juin 2017
Cigales
De sauges en lavandes
des ruisseaux de vent sec
Soleil bleu de chauffe
Tss tss tzigales
17 juin 2017
In L’or saisons Editions Tipaza 2018
Versant nord
Entre lèpre de graviers
et tempête d’herbes
seulement la boîte
aux lettres mortes
Viens
n’habitons plus
le versant nord
des choses
16 juin 2017
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