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Quinzième volet

Voyage…

Excusez du trop


Mise en voix de Sabine Venaruzzo le 19 octobre 2020

Déshabiter les mots

je n’ai pas l’habitude
ça me tait

Ces mots sous ma peau
ces verbes de bois brut
à fouiller sous la cendre
avec un tisonnier – de colère, pourquoi pas –
Phrases de silence à peine écorcé
Excusez du trop
Souffler sur la braise
ne pas laisser s’éteindre le feu
À mots couvants
écouter brasiller le poème

 

12 février 2018

 

Il y a un an et six heures de plus

Le ciel a la couleur de l’eau
Toujours ce coup d’épaule de la lumière
qui me transpose il y a un an
et six heures de plus qu’ici
Hier ici j’étais midi
donc j’étais dix-huit heures là-bas
Un lotus tea au Golden rice
Maintenant il est dix-huit heures ici
l’heure du froid
il est minuit là-bas
je cherche un peu de fraicheur
sur la terrasse du toit
Ce soir il sera minuit
six heures du matin là-bas
je te donne rendez-vous
chez le marchand de soupes
à gauche au fond de la ruelle

22 décembre 2017

 

Ah daube premiere elements !

Mon logiciel de montage vidéo fait n’importe quoi depuis quelque temps.
Il neige sur tous mes rushs, je ne vois pas ce que j’importe.
Je ne peux les visionner que lorsque je les glisse sur mon plan de travail. Je m’en débrouillais jusqu’à présent.
Mais seulement voilà : ce soir il remplace mes vidéos par des scènes que je ne connais pas et il les monte n’importe comment.
Il met des visages que je n’ai jamais filmés, ou alors il y a très longtemps, ou alors pas de cette manière-là.
Ce sont des visages que je connais, bien sûr. Des visages de personnes aimées ou au contraire copieusement détestées.
Et je ne contrôle plus rien. Des séquences effrayantes se succèdent à la lecture, des pistes audio s’imposent toutes seules avec une bande son que je n’ai pas choisie.
Alors j’efface, j’importe d’autres rushs, mais c’est chaque fois la même chose. Je vois défiler sur la ligne de scène des maladies, des accidents, des incendies, des deuils.
Je supprime encore, j’insère à nouveau d’innocentes prises de vue que je suis sûre d’avoir filmées mais rien à faire. Mon logiciel inocule des scénarios catastrophe.
Colères tristesses en fondu enchaîné. Gros plans sur mes larmes.
La seule façon d’en sortir est d’éteindre l’écran mais le logiciel ne veut pas s’arrêter. Il persiste à me demander si je veux enregistrer les modifications. Ne surtout pas enregistrer !
Je force alors l’application à quitter.
L’attrape-rêve à ma fenêtre attrape le vent et puis s’envole.

9 décembre 2017

 

Bories

Ici des hommes ont poussé leurs troupeaux,
leurs chiens, leurs voix

Rondeur des bories
toute en saillies de pierres
Parfum de terre chavirée par les bêtes

L’arbre mort veille
Ses os blancs vers le bleu dressés
son geste de flamme

Le puits est éteint
Le vent ne lève plus que du silence

 

 

4 décembre 2017