
Quinzième volet
Voyage…
Florilège 3
Extraits de lectures choisi(e)s, avec la musique de Benoît Berrou, merci à lui !
Le site de Benoît Berrou
24 février 2018
Carrément matin

Un carré de fenêtre dans un carré de plâtre
un carré de verre dans le carré de fenêtre
un carré de lumière dans le carré de verre
Le vent apporte de très loin
des tranches de silence
qu’un bûcheron tronçonne
19 février 2018
Excusez du trop
Mise en voix de Sabine Venaruzzo le 19 octobre 2020
Déshabiter les mots
je n’ai pas l’habitude
ça me tait
Ces mots sous ma peau
ces verbes de bois brut
à fouiller sous la cendre
avec un tisonnier – de colère, pourquoi pas –
Phrases de silence à peine écorcé
Excusez du trop
Souffler sur la braise
ne pas laisser s’éteindre le feu
À mots couvants
écouter brasiller le poème
12 février 2018
Le petit théâtre
vidéo 25 janvier 2019
Ce ne sont pas des branches sur le mur
mais leur ombre
Ce n’est pas une feuille sur les branches
mais un oiseau
Ce n’est pas un oiseau mais son ombre
Il chinoise
6 février 2018
Drôle de voyage
Assise au soleil illusoire d’une lampe
juste à la cassure du halo et de l’ombre
Les murs canalisent un bruit bleu
Mais c’est l’odeur du froid
qui me réveille
29 janvier 2018
Essaim
La pluie prolonge la nuit
fourvoie la brume dans le vivier des mots
ici ou là
une route, un fleuve
chaque nuit véhicule son essaim d’étoiles
la guirlande d’un village
Rien n’est plus lisible
Lueur à la dérive
du dernier sampan
16 janvier 2018
Il y a un an et six heures de plus
Le ciel a la couleur de l’eau
Toujours ce coup d’épaule de la lumière
qui me transpose il y a un an
et six heures de plus qu’ici
Hier ici j’étais midi
donc j’étais dix-huit heures là-bas
Un lotus tea au Golden rice
Maintenant il est dix-huit heures ici
l’heure du froid
il est minuit là-bas
je cherche un peu de fraicheur
sur la terrasse du toit
Ce soir il sera minuit
six heures du matin là-bas
je te donne rendez-vous
chez le marchand de soupes
à gauche au fond de la ruelle
22 décembre 2017
Pluie
Éclats d’ailes à ma fenêtre
Il pleut à neige fondre
11 décembre 2017
Ah daube premiere elements !
Mon logiciel de montage vidéo fait n’importe quoi depuis quelque temps.
Il neige sur tous mes rushs, je ne vois pas ce que j’importe.
Je ne peux les visionner que lorsque je les glisse sur mon plan de travail. Je m’en débrouillais jusqu’à présent.
Mais seulement voilà : ce soir il remplace mes vidéos par des scènes que je ne connais pas et il les monte n’importe comment.
Il met des visages que je n’ai jamais filmés, ou alors il y a très longtemps, ou alors pas de cette manière-là.
Ce sont des visages que je connais, bien sûr. Des visages de personnes aimées ou au contraire copieusement détestées.
Et je ne contrôle plus rien. Des séquences effrayantes se succèdent à la lecture, des pistes audio s’imposent toutes seules avec une bande son que je n’ai pas choisie.
Alors j’efface, j’importe d’autres rushs, mais c’est chaque fois la même chose. Je vois défiler sur la ligne de scène des maladies, des accidents, des incendies, des deuils.
Je supprime encore, j’insère à nouveau d’innocentes prises de vue que je suis sûre d’avoir filmées mais rien à faire. Mon logiciel inocule des scénarios catastrophe.
Colères tristesses en fondu enchaîné. Gros plans sur mes larmes.
La seule façon d’en sortir est d’éteindre l’écran mais le logiciel ne veut pas s’arrêter. Il persiste à me demander si je veux enregistrer les modifications. Ne surtout pas enregistrer !
Je force alors l’application à quitter.
L’attrape-rêve à ma fenêtre attrape le vent et puis s’envole.
9 décembre 2017
Bories

Ici des hommes ont poussé leurs troupeaux,
leurs chiens, leurs voix
Rondeur des bories
toute en saillies de pierres
Parfum de terre chavirée par les bêtes
L’arbre mort veille
Ses os blancs vers le bleu dressés
son geste de flamme
Le puits est éteint
Le vent ne lève plus que du silence
4 décembre 2017
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