
Quinzième volet
Voyage…
Entendre l’aube
Le jour, ici, ne se lève pas
Il vous tombe dessus
comme un vent jaune
et chaud
Il vous prend à pleine peau
Il ne faudrait pas dormir maintenant
Se laisser tirer l’oreille par l’explosion
des cris d’oiseaux de Kanaky
La tôle claque quand le soleil
marche dessus
9 décembre 2019
Côté hublot
Inexplicable opacité/désopacité
méthodique et lente des hublots
Il fait nuit au soleil levant
Il a fait nuit deux ou trois fois
depuis le départ
et encore à l’arrivée
Alors on ne sait plus
quelle nuit on est à Païta ?
6 décembre 2019
Côté hublot
L’aile est un miroir
Dans l’eau de son métal
la cartographie des nuages
5 décembre 2019
Crue
Il arrive que les troupeaux
sortent du lit de la prairie
et débordent à la fenêtre
28 novembre 2019
L’âge des couleurs
Il y a eu l’âge de l’ocre
des rochers-bulles beige rosé
d’argile douce
Puis la pénombre chatoyante
d’un rouge et bleu de crépuscule
et le cuivre roux des filets de pêcheurs d’enfance
Il y a eu ce bol de lavande bleu
porté chaque matin aux lèvres de l’hiver
Il y a eu l’âge rouge
flamboyant flamme corail
colère
Il y a même eu le rose sushi des devantures
Il y a encore et toujours
ce bleu un peu vert
et ce vert un peu bleu
un autre bleu presque violet
une touche de blanc
pour la lumière
Ce besoin de couleurs
pour accueillir les nouvelles du monde
15 novembre 2019
La nuit décortiquée
Je me suis retournée et
j’ai vu toute la nuit traversée
Mais je ne savais pas que c’était la nuit
il faisait nuit à mon insu
sans prévenir, sans la vouloir
sans faire exprès
Elle n’était pas préméditée
Je le vois bien aux épluchures
maintenant que j’ai tout décortiqué
J’épluche un tout petit pays
où j’ai fait pousser des légumes
et puis cet enfant-fruit
plus grand que tout
4 novembre 2019
Bayadère
Un trait fin
un très fin trait de ciel rose
entre la nuit et l’aube
L’horizon décapsulé
et que jaillisse le jour
Aube/nuit bayadère
La possibilité d’une averse
d’étoiles
3 novembre 2019
Faire comme ci
Un vieux texte de 2012 retrouvé. Je ne l’avais jamais mis dans mes volets. Ecoutez la mise en voix de mon amie Sabine Venaruzzo.
Faire comme si je ne savais pas l’impact de ma dérive
avec les radeaux des mots que j’improvise
les planches offertes des Salut, comment tu vas ? çà et là
qui naviguent sur le même océan
La nuit est habitée d’un peuple de veilleurs
la nuit est habitée de marées qui m’apprivoisent
À flot de solitude la mémoire vive d’une douleur ciselée
aux scalpels de luxe avec vue sur la mer
Toutes ces aspérités à l’origine des écorchures
les blouses blanches blues vertes
Tourbillon tourbillon je m’en viens déposer des Non
dans la spirale d’un carnet de voyage
lalala lalala lalala la lala
Une mélodie enfouie qui revient et tournoie
Je me noie
Tellement de marches à gravir ou dévaler
Avaler tout ce souffle qui me manque
Trouver de l’oxygène
La guitare silencieuse
Vas-y piano
Staccato d’un silence aux couleurs gyrophare
j’ai perdu le souffle de mes mains
j’ai perdu ta connaissance
Bien en deçà de ces reflets superposés
tous ces fantômes auxquels je t’abandonnais
À la mission de chuter coûte que coûte avec toi
il m’en coûtait trop j’ai failli.
Faire comme ci,
comme si pas.
Mise en scène
Pour Sabine
Poèmes, mise en scène
Canaliser le flux de souvenirs
les choses jamais écrites
jamais éteintes
Rivière à laver toutes les camisoles
Les suspendre aux soleils qui ne tarderont plus
puis convoquer le vent
et regarder claquer les couleurs
1er octobre 2019
Serrure
Quel mot-clé insérer
pour déverrouiller le silence ?
12 septembre 2019
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