Les cochons ne sont pas des porcs. Contrairement aux idées reçues, ils aiment être propres.
Le cochon que j’ai eu cette année-là, aimait que l’on cure son étable. Il aimait par-dessus tout la douche. L’eau que nous utilisions pour le laver provenait d’une source à 3 km de là, acheminée dans un tuyau noir qui captait la chaleur du soleil. Elle arrivait chaude et le cochon se pâmait sous le jet. Il fermait les yeux, sa gueule se fendait comme d’un large sourire. Il tombait en pâmoison, oui, il tombait littéralement sous la brosse à chiendent avec laquelle nous lui frottions l’échine. Brossé sur le flanc gauche, il se laissait aller, ses pattes fléchissaient, il penchait, penchait, il allait tomber sur le côté gauche. Il fallait alors vite brosser le flanc droit pour qu’il se redresse.
Ce jour de premier avril est bleu, soleil éclatant. Un temps idéal pour la douche.
Laetitia, la sœur de mon fils, est en vacances Elle a 14 ans.
– Je vais laver le cochon, me dit-elle.
Elle enfile ses bottes, se munit d’une pelle pour évacuer la fange, s’empare du tuyau après avoir ouvert la vanne et entre dans la soue. Elle commence à arroser la bête qui grogne de plaisir.
– Oh j’ai oublié la brosse, me dit-elle.
– Attends, je te l’apporte.
C’est un premier avril, donc.
Personne n’a encore scotché de poisson en papier sur le dos de personne.
Personne n’a encore mis de pot de yaourt rempli d’eau en équilibre au-dessus de la porte entrebâillée.
Un copain nous avait apporté quelque temps auparavant de la poudre de fluorescéine. Il nous avait expliqué que cela servait à repérer les cours d’eau souterrains, c’est du moins l’usage qu’il venait d’en faire. Il lui en restait un petit peu et il nous l’avait apporté dans une enveloppe.
Une poudre rose qui devenait vert fluo au contact de l’eau. Une curiosité que j’avais gardée dans un tiroir.
Je prends la brosse à chiendent sous l’évier, je verse entre ses poils une pincée de fluorescéine, je l’apporte à mon ado et je repars à mes occupations. Laetitia très vite m’interpelle d’une voix angoissée :
– Dis, Colette, viens voir, c’est bizarre, le cochon il est tout vert ! Plus je frotte, et plus il l’est !
Effectivement, le cochon mousse vert. Il est hilare et copieusement fluo…
3 avril 2019
Quand on voit un éléphant rose, c’est grave ! Mais alors, un cochon vert, c’est hilarant…
Petite histoire sympa !
On voit bien des éléphants roses, alors pourquoi pas des cochons verts !
J’ai moi aussi une histoire, vraie, de cochon :
Mon beau-frère habitait autrefois en Auvergne, dans un petit hameau.
Il avait un troupeau de moutons et un cochon, « pour l’hiver ».
Les voisins lui disaient à l’approche de l’automne :
« Ҫa va être bientôt pour tuer le cochon !»
Lui, il trouvait toujours un prétexte pour différer … il y avait encore le temps, il n’était pas encore assez gros.
« S’il est trop gros il sera plus bon ton cochon ! »
Il ignorait, éludait ;
Chaque matin, il le sifflait, le cochon venait, il lui versait les épluchures de la veille dans une grosse bassine en plastique, s’asseyait sur un banc, et tandis que le cochon mangeait, il lui grattait le front.
Quand il allait au verger, le cochon le suivait. Il s’arrêtait sous un pommier, lui donnait quelques friandises et grimpait debout sur son dos pour cueillir ses pommes. Le cochon ne bougeait pas, il attendait.
L’hiver arriva, le cochon était toujours là.
Mais un matin, il le trouva mort. Autour de lui, il restait quelques morceaux de sa bassine en plastique. Le cochon l’avait mangée !
Mon beau-frère l’enterra au fond de son terrain.
Quand il nous raconta cette histoire un peu plus tard, il riait, de lui, de son cochon, des Auvergnats, mais on voyait bien qu’il en avait encore gros sur la patate !
C’est la souris qui est verte normalement, mais va pour ce brave cochon que tu nous fais apprécier de son vivant!
Un beau tour de cochon que tu nous conte là
Quel joli joli cochon vert ! talent talent!
Merci pour ce moment qui met à mal les idées reçues
Très sympa… J’aime vraiment votre façon de conter. Et puis vous m’avez fait réviser mes bases sur cet animal propre, intelligent, attachant, pas moche je trouve. Doué du sens de l’humour sans doute… J’imagine que même tout vert, il était ouvert :))
Ben non, pardon pour la lecture trop rapide, la fin lève le doute : il était thilare !
Ah, ah, j’imagine la bestiole fluo ! J’ai vu l’effet il n’y a pas longtemps, moi-aussi, pour un repérage de canalisation, super efficace.
Du plus bel effet 🙂