La tête appuyée contre la vitre, je me laisse conduire.
L’épuisement a couché mes pensées.
Je regarde la route défiler, je me dévide de moi-même.
Radio Nostalgie m’enveloppe d’une torpeur sirupeuse.
Mon attention est repêchée par la voix de Mick Jagger qui retentit dans l’habitacle mais le premier refrain d’Angie est l’instant que choisit le chauffeur du taxi pour basculer sur MFM.
Agressivité du jingle.
L’épuisement a couché mes colères.
La perfusion a insufflé la soif dans mes veines.
Je suis possédée par la soif.
Je ne suis plus que cela, d’une chimie inaltérable.
Je ferme les yeux, extraite.
Je revois cet instant, la porte ouverte et son pas franchi :
franchi par le soleil, franchi par le piano porté par quatre amis.
J’en avais été éclaboussée.
Et par le soleil, et par la pensée que c’était le piano du condamné.
Aujourd’hui est plus qu’un sursis.
Aujourd’hui est une vie graciée.
Le salpêtre envahit de saupoudre cristal l’ubac des façades,
la rouille grimpe à l’assaut des volutes forgées,
j’ai franchi le pas à l’envers du soleil.
Le soleil baigne encore ce piano quelque part
où je peinais mes notes.
27 mars 2011
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