Ta vie du bout du monde

 

 

J’ai dormi plusieurs fois, cette nuit. En lambeaux de sommeil effilochés.
Avec des idées filandreuses comme la laine de brume cardée des rivières.
Ce n’était pas des rêves mais des pensées cousues bord à bord comme le rideau de pagne Kita.
La nuit close au-delà, et sa clarté gibbeuse.
Des bouts d’images. Des bouts de plages. Ta vie du bout du monde, aux couleurs minutieuses.
Ma sœur Nigeria Texas, ma sœur Ghana Brésil.
Souvenir de tes mains portées en conque sur la coque cuivrée d’une noix de coco.
Ma sœur Grand-Bassam.

Puis, le dernier rivage : Deux ocres de façades qu’un rectangle de ciel azuré écartèle.
La note longtemps tenue d’un gris-blanc goéland.

Est arrivé le jour – la lumière a pesé plus fort sur mes paupières –
Et la réalité, avec sa morsure chienne.
C’est un jour traversant et tout décoloré, ma sœur. Tout décoloré.

25 octobre 2015