Poser un regard étranger sur ma vie.
Je serai toujours la passagère.
Je voudrais rester en transit,
prête à l’embarquement immédiat.
En attendant mon Air Peut-être,
rester spectatrice, touriste, résidence secondaire,
sur/vivre à ce paysage-là.
Trouver pittoresque ce ciel vertical
époustouflant de noirceur
entre les horizons cubiques de béton.
Trouver du charme à cette foule
de solitudes mêlées.
Je suis en vacance,
je passe mon chemin,
je ne m’habite pas.
Une cime de ciment à ma fenêtre,
qui ne change pas de lumière au fil des heures,
qui ne change pas de couleur au fil du temps,
pas de rousseur d’automne ni de blancheur d’hiver.
 
Vous êtes priés de ne pas craquer
jusqu’à l’arrêt complet de l’appareil.
 
Gaz échappés des fleuves d’asphalte.
Du goudron, du goudron
du goudron et ma plume.

 

2010

Paru dans Lichen n°3