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Quinzième volet

Voyage…

Carpe Diem

C’est un instant flotté
entre ciel et matin.
C’est un moment gagné
à la mobile incertitude du vent.
C’est une minute délivrée,
comme ça,
une seconde qui n’attend rien,
en apesanteur sur la vie.
L’heure où je ne dors rien du monde.

 

 

1986

Sassandra

Des ombres sourdes
miragent le sable éteint.
Une interminable déchirure
arrimée à mon paysage.
Cigarette sur cigarette
je brûle mes insomnies
et tous les soleils périmés.
La lune dérive dans l’océan,
silencieuse froissée de vagues.
Au bout du voyage
regarder la lune se noyer.

 

 

1985

La vivance

C’est plein d’étoiles
essaimées dans mes nuits.
Plein de ciel bleu-chardon
au soleil des fleurs.
Plein de bulles où s’irise
la mémoire des reflets.
Plein de musique au fond du vent
et le vent au bout du monde.
C’est plein de vivance dans ma vie.

 

1985

Sérénité

Quand les ombres écloses débordent des cailloux
quand la lumière inonde un seul versant du ciel
quand l’imminence du soir dilue les horizons
alors le goût du vent sur la peau
ressemble à une pleine vague
 
On se sent noyé
et vivant

 

1985

Givre

Lovée autour d’un point serré,
serré, comme un éclat de givre,
centre de gravité décentré,
réfugié dans ma gorge.
Un peu de moi,
ce qu’il en reste,
même plus vraiment de la détresse.
Il reste tellement peu de rien,
ça fond tout seul, ailleurs…
Incohérence…
 
1984

A l’enfant qui n’est pas né

J’aimais te vivre
comme un soleil latent,
un horizon vivant aux confins de mon corps.
Je t’ai perdu comme on attend longtemps,
vide immense dans mon ventre.
Tu étais un vertige
et tu étais si seul
à basculer de ton rivage,
mon enfant au silence,
mon enfant à la nuit.

 

1984

Jamais

C’est à Jamais que tu appartiens,
aux heures filantes des étoiles.
La lune traîne au petit jour.
Elle a un goût de déjà vu
et de trop tard.
Tes mains courent sur la guitare,
tes mains hantées de paysages.
Le seul instant solide
dans ce port inventé,
c’est ce vieux répertoire
où s’ancrent tous les éclats
de phares
perdus.

1980

Chantier

Tristesse diffuse
Elle ne crie plus
Elle ne bat plus aux tempes
Elle se dépose et s’accumule
sans faire d’histoires
Elle ne va plus au fond des choses

Et moi je reste moi
l’affectif en chantier

1978

Tram away

Si je veux je peux
Si je veux je peux mentir l’hiver
Et le métal urbain des jours
La brume fauve des harmattans
Je l’invente
Je l’invente si je veux
J’en ai besoin, de mes déserts
Quand chaque nuit qui passe s’éteint
Quand le ciel se lève dans les vitrines
Me faire croire que j’aime ça
Les chemins du tram
Away
Même l’absence est ambigüe
Elle me lancine
Reflets de lumières éphémères
C’est la distance que je pose
Surexpose, une vie volée
La distance est élastique
Elle s’étend, s’étend
Jusqu’au rythme de mes semelles
Qu’est-ce que j’en sais si une langue d’air
Attise le feu des braseros ?
Un sourire dans ma voix, tu dis
Qu’est-ce que tu en sais si je souris
Dans le silence parcouru ?
Si je veux je peux mentir ce que je n’oublie pas
Je peux même mentir l’oubli
Dans les reflets
Et disparaître happée
Happée

Octobre 2011

Voltene Sue en a fait une très belle chanson !