Quinzième volet
Voyage…
Trait_d’union tiret bas
Toi, et moi
séparés par une virgule pour respirer,
accent aigu comme une douleur,
tu espères grave mais
points de suspension à l’infini…
Une majuscule pour commencer quoi ?
Une nouvelle phrase point
à la ligne.
Tu crois que j’ai ouvert une parenthèse
(et tu attends que je la ferme
Janvier 2011
D’un an à l’autre
Tous arrimés à la grand mare des canards
nous avons attendu que bascule l’année
nous avons accueilli le soleil très bleu
de ce nouveau janvier
Prendre une douche
se laver de l’an, du temps, se laver d’hier
ruissellent les saisons noyées
les heures scarifiées
les déraisons, les peurs
les tempêtes, les deuils
Et puis marcher
sur cette portion d’hiver
terre de chèvres sous les semelles
Quand tout a basculé
nous nous aimions toujours
Tout va bien
Tout ça, tout ça
Pince mi et pince la sont sur un radeau,
ça me gratte.
L’ennui à la baille
et la gueule de rire
de nos ienchs hirsutes
aux abois d’accueil ivres
de n’importe quelles roues.
Tout ça, tout ça,
pelle mêle à la neige,
dans l’air le parfum de la fumée du bois
dont je me chauffe.
Rosaire de pensées païennes,
grains de soleils dévalisés par les oiseaux,
des copeaux,
des pétales de mots,
des chevaux un cheval,
des cadeaux un que dalle,
j’en ai plus rien à pleure.
Même pas mal.
Janvier 2011
La santé surtout
Peut-être que nous n’avions pas eu assez de force
pour nous souhaiter un devenir.
Peut-être que nous avions fait une fausse note
quelque part entre les mondes.
Peut-être que nous nous étions trompés de porte.
Peut-être ce soleil trop dilué…
Franchir un nouveau seuil
le coeur et le corps livrés
à des morsures préméditées,
mais nous n’en saurons rien
avant l’heure.
C’est toujours l’hiver que tout commence.
Peut-être décaler janvier
pour que l’année se lève
avec le vent de juin,
il n’y aurait pas besoin de rentrer du bois,
pas de givre craquillant sous les pas,
ni le silence glacé lacé autour de toi.
Peut-être penser plus fort encore
à nous souhaiter un devenir.
2010
Pensées en vrac
A ceux qui se taisent
parce que des mots en plus
seraient des maux en trop
car c’est pas toujours vrai
qui ne dit mot ne consent pas !
A ceux qui croient pouvoir s’effacer comme ça
A ceux qui sont timides
A ceux qui savent rêver
A ceux qui ne prennent pas tout le lit du trottoir
A ceux qui trébuchent sur un crabe
et qui se relèvent
ou pas…
A ceux qui ont un territoire de carton
à rendre dérisoires nos petits drames d’adultes infantiles
A ceux qui savent rire de tout
A ceux qui vont, vivent et deviennent
A ceux qui osent commettre le délit
d’ouvrir les frontières de leurs bras !
Des pensées en vrac pour ce Monde à la con
2010
Spleen
La nuit se griffe aux feux
des Noëls de magasin.
J’irai marcher
d’une flaque d’ombre à l’autre.
J’irai noyer mon spleen
aux reflets des solitudes anonymes.
Puis le jour se lèvera
finalement,
une lune accrochée aux commissures du ciel.
Et je respirerai l’air
du large que j’ai pris,
comme tu dis.
L’hiver autour du cou,
mon insomnie en bandoulière.
Décembre 2010
La vie m’apporte vous
Elle trace des courbes et des lignes brisées
sous mes pas, sur mes mains.
Elle dessine des traits sur mon visage,
elle me défigure.
Elle fait de mes rêves des volutes de fumée.
Elle met des passerelles au Hasard
qui n’en est plus un.
Elle créé des mirages d’eau
sur les routes de mon enfance,
elle est Soif.
Elle fait des embardées, des virages, des rivages,
elle fait l’Impasse.
Elle déchausse les certitudes,
elle bée des plaies géantes
qu’elle peuple d’absences.
Elle fait des pluies même quand il ne pleut pas.
Mais,
elle est généreuse
quand elle cesse le feu.
Elle prodigue des moments comme ça,
où l’on aimerait pouvoir rester encore un peu,
au chaud des rires magnifiques,
au chaud de Vous:
« Il est bien que tu commences sans,
nous on est là »*
Je funambule sur le fil tendu de ces mots,
je ne tomberai pas.
*Message reçu de mes amis, après lecture de mon texte Calcul mental.
2010
Calcul mental
J’additionne les étoiles,
les voeux qui vont avec,
les ronds de lune dans l’eau
et le matin.
Je soustrais 40 rangées de haricots
sous la pluie, le chagrin.
Je pose un
et je me retiens
à toutes ces épaules solides,
ça fait tout.
J’additionne les rires, les verres et la musique,
j’enlève la solitude de nos dimanches soirs
quand le silence revient.
Je pose un
et je retiens bien :
les pizzas dans le four,
la guitare de Sylvain
et l’aube qui nous cueille tous encore debout.
J’additionne les matelas partout,
demain c’est maintenant,
le regard de mes chiens.
Toi ôté de Nous
je retiens tout,
ça fait sans.
Décembre 2010
Paru dans la revue Comme en poésie et sur La toile de l’un
La passagère
Poser un regard étranger sur ma vie.
Je serai toujours la passagère.
Je voudrais rester en transit,
prête à l’embarquement immédiat.
En attendant mon Air Peut-être,
rester spectatrice, touriste, résidence secondaire,
sur/vivre à ce paysage-là.
Trouver pittoresque ce ciel vertical
époustouflant de noirceur
entre les horizons cubiques de béton.
Trouver du charme à cette foule
de solitudes mêlées.
Je suis en vacance,
je passe mon chemin,
je ne m’habite pas.
Une cime de ciment à ma fenêtre,
qui ne change pas de lumière au fil des heures,
qui ne change pas de couleur au fil du temps,
pas de rousseur d’automne ni de blancheur d’hiver.
Vous êtes priés de ne pas craquer
jusqu’à l’arrêt complet de l’appareil.
Gaz échappés des fleuves d’asphalte.
Du goudron, du goudron
du goudron et ma plume.
2010
Paru dans Lichen n°3
Les amours off
Tu seras l’improbable issue,
possible chagrin tu seras.
Je suis une forteresse d’exil,
une expatriée de mon moi.
Le doute est ma seule certitude,
j’ai froid j’ai peur
d’être inapte à savoir aimer.
Je suis la dévastée
comme un brûlis de terre truffière
où l’or est noir
mais noir est l’or.
Je ne sais rien oublier,
ce bras de mer qui se perd
où se noyaient les amours off.
J’ai froid j’ai peur
d’être inapte à savoir désir.
Tu seras l’improbable issue,
possible chagrin tu seras.
2010
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