Quinzième volet
Voyage…
Octobre bleu
Musique : Mercedes Sosa « Todo cambia »
Parce que le vif-argent
des reflets dans les vagues
parce que le contre-jour de l’enfant et son geste
l’ellipse du galet, son tracé dans le vent
j’aimerais rester là
à la bordure du soir
juste à portée d’envols
juste bien
un ballet d’ailes et d’eau
du bonheur pour une fois
dans l’écume et le sel des pétales de soleil
c’est un octobre bleu
un demain dans le ciel
et j’ai la tête à Toi
22 octobre 2011
Un cap
La tendresse prudente
Elle est d’arête vive
Comme une branche d’étoile
Parce que même ça c’est difficile
Les étoiles
Elles filent un coton de brumes outre-mer
Et je n’arrive pas à être tout à fait
Tout à fait là
Un mot et puis un mot
Une avancée de ciel où rien n’est écrit
Prendre une nuit d’avance
Pour voir où ça ira
Rester sur le seuil
Dans les courants de l’air
Ta porte ouverte
Parce que c’est plus que ça, un cap
Du chaud du froid et puis du chaud
Et puis du froid
Parce que c’est plus que ça
Un cap
Octobre 2011
Moody blues
Mais rien
Une absence
Un passage à franchir
Un frôlement
Une éraflure, d’accord
Une rivière étrécie, des galets sur mesure
Des éclats de soleil en surface
Qui palpitent
C’est comme un silence avec des mots dedans
Des mots d’échanges tus
Et puis plus rien alors
Un moody blues
ça n’a pas d’importance
ça n’a pas d’incidence
A peine un geste suspendu
ça ne veut rien dire quand ça tremble
La main, la voix, le paysage qui devient flou
Tout ça
Du limon sur les rives
Et le courant l’emporte
…
Mais rien, je te dis
C’est mon cœur mécanique
Il ne bat pas trop fort
Il met des majuscules là où il n’en faut pas
Septembre 2011
No pasaràn
Certains jours
il y a quelque chose d’offensif
dans ce soleil qui brille bleu
au dehors de nous
et qui s’en fout
de nos sinistres, de l’état des lieux
désertés
de nos marées montantes
et le creux de nos vagues
aux brise-l’âme
et puis certains soirs
tu peux chavirer tous les crépuscules que tu veux
toutes les étoiles sont bues
dans le halo des nuits mal famées
ce soleil bleu est aussi froid
que le blanc carrelé des urgences
mais
bras-dessus bras-dessous
nous
on s’en fout
le matin revient le jour suivant
on est toujours vivant
Septembre 2011
Eclat de dire
Ton île aux pierres de Fournaise
Le soleil emporté dans les sables du vent
Et le vent océan qui nous sépare
D’avant
Pleure pas, tu la retrouveras ta mer
Et la pensée s’étrangle au bout du rire
Eclat de dire
Comme un filament d’obsidienne
Je sais le goût de l’eau
Qui manque
Les rivages d’éther où tu naufrages
Si je pouvais
Si je pouvais seulement
Si
C’est toi qui as mal
Et c’est moi qui ai peur
C’est toi qui dis bon courage
Avant de raccrocher
C’est moi qui ne dis plus rien
De si loin
A bras le cœur au bord des mots
S’il suffisait mes bras
Je viendrais
Septembre 2011
Aller
La nuit bleu-néon des ponts
Ces abris de fortune pour ceux qui n’en ont pas
Je mets les pieds dans le plat des contresens
Ce qui me drape crisse comme une froissure
La toile des blessures rêches, émerisées
Je voudrais en découdre des aubes rapiécées
Je vais rentrer chez moi peut-être
Je ne sais pas
Je fais n’importe quoi, j’aime pas
J’aime pas ça, quand je marche de traverse
J’ai trop le choix des solitudes où je n’ai rien installé
Par habitude d’aller
Je vais rentrer chez moi peut-être
Si jamais je sais où je vais
Je résiste au silence et je résiste aux voix
Que je soulève à chaque pas
M’abandonner aux zigs et aux zags estuaires
Aborder
Passer au large de sa vie
On ne peut pas
Mais la nuit, la nuit je l’aurai à l’usure
Septembre 2011
(Allant vers et autres escales aux Editions de l’Aigrette)
Paru dans Verso n° 160
Les passants
Poésie de trottoir
La ville comme un livre à l’encre de vos pas
Je suivrais la dérive des fleurs de lumière
La traversée patiente des ombres absorbées
Chaque Histoire serait une page tournée
Chaque vie feuilletée serait du temps qui passe
24 septembre 2011
Echec et mat
Le vent racle les feuilles mortes
Sur les chemins crevés d’ornières
Par nos roues dans le même sillage
Les pages blanches encore de ce silence qui était mien
C’était du temps des ambulances
Sur la table rase, des miettes
Maintenant les mots prolifèrent
Et se bousculent au bout des touches
Comme un trop tard Big Bang
Une bombe à retardement
Mieux vaut tard que j’aimais
Sur l’échiquier du temps à 2h du mat là-bas
(quand je dis là-bas c’était hier)
J’ai roqué ma tour d’ivoire
Le Roi est mort, vive le Roi
Les nuits hallucinées se suivent et me ressemblent
Les mots me saignent, irrépressibles
Ce silence traduit enfin
Recto- reverso
C’est à ne plus rien comprendre
Incroyable, je ne sais plus me taire !
Et ça ne va même pas couper dans le tunnel
Et au bout du tunnel l’aube
Et le matin tôt, partout, c’est bien
Même ici
(quand je dis ici c’est demain)
Septembre 2011
Non
Je ne voulais pas
les incendies acides qui rongent la calendrite de nos abris
Il pleut du désert maintenant
comme un vent de sable
Une pluie qui pique
J’allais vers l’orage
j’allais
Même en allant vers l’orage on peut arriver
quelque part se déserter
Je viens de passer la frontière de l’étoile
juste
point de feston lumière sur la crête
une étincelle cousue au sifflet macho des marmottes
Alors se dédouaner d’un lever de soleil
sur le tarmac des longs courriers…
Non
La nuit, le jour, le décalage horaire
Demain/ hier
Lobi* pour le dire
Non
Je décline
Je n’ai rien à déclarer
sinon la paix
* Lobi signifie hier ou demain en lingala (Congo)
Septembre 2011
Rumeurs
Minorer la crécelle des mauvaises nouvelles
la faux arquée
Avancer casquée sous les grêles de souffrances
ça grésille
Attention fragile
La place est vide et je m’en soucie
Au pied du baou je me rassemble
auprès de vies qui me sont neuves
mais il m’est dit que le feu couve encore
et qu’il se propage par les racines
dessous les ruines
et qu’il se consume encore des questions
Mais tu le sais bien, pourquoi
alors arrête
Arrête
Jour/nuit comme un enfant pleure
attendre que l’enfant do
Août 2011
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