Quinzième volet
Voyage…
La mémoire métisse
Je découds le bord à bord
Du bout du monde
Et des saisons
Bleu minéral de l’hiver
Soleil abrupt en surplomb
Velours côtelé des labours
Horizon hachuré de pluie
Aux andains de roches plissées
Trame de vent
Trame d’un temps effiloché
Restent l’accueil d’un rivage
Pruine de sel des galets
Mémoire métisse taillée
Dans l’à vif
Et l’aboli
24 septembre 2013
In Allant vers et autres escales Editions de l’Aigrette (septembre 2016)
Texte paru au CAPITAL DES MOTS
Le cercle des amis poètes disparus
Je parcours le silence des cryptes païennes
Parole désertée
Feue la tienne lâchée comme un satellite sauvage
Et sans orbite
Ecris moins fort, s’il te plaît
Je ne nous entends plus
Tout juste l’empreinte acouphène
d’un bourdonnement de psalmodies
C’est à douter même de la chair
De mes pas dans les tiens
Un oeil de cyclone ?
Chambre d’écho sans écho
Camisole de nuit où rien ne résonne
Calfeutrée dans l’oubli têtu comme une punaise
Et qui te pue dessus la peau
De tes poèmes
20 août 2013
Texte paru au CAPITAL DES MOTS
Les Nuits du Sud
Un ciel de faisceaux
Du sable sous la danse
Une poudre d’instant
Poussière sur les lèvres
Nos sourires s’effleurent
Et c’est comme revenir
Ce sont des petites heures
Et c’est à peine si
L’on peut se retenir encore
avec les yeux
Et puis
Les projecteurs s’éteignent
Silhouettes balayées du peu de nuit
qui reste, la main au bout du geste
L’adieu que l’on agite
Le matin nous rattrape
Et c’est encore partir :
Une autre nuit se lève
Même si le soleil
10 août 2013
Ce peu de loin
Echapper le livre aux pages tranchantes
le tomber des mains
J’ai vu ce caillot de nous filer
rive première portée au devant des orages
Noir broyé noyé
Et dans le torrent, le soleil
rush d’étincelles à flot bouillon
Ce peu de loin
entre les mailles
28 juillet 2013
Paru dans la revue Verso n° 160
Une vie d’été
Le vent feule, âcre
parfum de branches brûlées
haleine salée de fenaison
Il existe une vie d’été
de l’autre côté
des notes de clocher
par où le temps m’échappe
Attente embracelée
Il manquerait le large d’une page à remplir
aux manières de fleurs amples de magnolias
Ligne de crête à suivre du bout des yeux
fermés
25 juin 2013
Texte paru au CAPITAL DES MOTS
Hors-chant
La longue nuit s’amenuise
Poreuse
Persiste une buée d’hier
Hors-chant ténu
Qui tient la note
Et puis se fêle
Distille des grumeaux de lune
Friables sous la dent du jour
Mordre à demain
Le goût des songes
6 juin 2013
Texte paru au CAPITAL DES MOTS
Quelques notes
Musique de SaReGaMa
Il pleut un long jour sale
Ombres luisantes des goélands
ciel de verre fumé
et le rêche panorama
des mats hérissés dans la baie
Ça vrille dans le tunnel blanc
Contre la paroi souple du sas
un cœur bat qui n’est pas le mien
Le cardiologue est un enfant
On
se tait
ne pense à rien
ne pardonne pas à l’infirmière
d’être un homme
17 mai 2013
Le cahier
page/nuit blanche ouverte
j’ai cloué dans la marge
un rire laqué noir
c’est tout ce que j’en sais
un cahier
la parole couchée à l’encre violette
une goutte
de larme peut-être ?
a fait une fleur trouble
dans le voyage âpre de leur guerre
coupures de presse brunies
le faire-part encadré
d’un deuil fils/frère
c’est toute une sève
qui circule encore
et les mots les plus tus
chaloupent entrelacés
dessus dessous ma ligne de vie
ma ligne de cœur
5 mai 2013
Faut dissiper les papillons
Ce que le vent déporte de brume
la nuit
c’est comme geste vain de la main
pour chasser papillons d’idées
Il souffle sur braises d’étoiles
taillade pulpe de nuages
ouvre brèche de veine lactée
Tentative ravivée d’un long chemin
Mais
ce que le vent déporte de brume
se dépose un peu plus loin
et ça revient
et ça devient
martèlements feutrés de piérides
aux blancs battements acouphène
Ce que le vent déporte de nuit
le matin aussi
ça revient
20 avril 2013
Texte paru au CAPITAL DES MOTS
Passerelles
Le vent sculpte le silence
Il y saille des trouées d’oiseaux
Les pensées roulent et choquent
Comme des cailloux de crues
Crépitement fluide d’une coulée de grains
Dans un bâton de pluie
C’est comme un deuil blanc
Transe de funérailles au trépignement ivre
Et au chant litanique d’un jamais rassasié
D’un talweg à un autre
Passerelles jetées
2 avril 2013
Texte paru au CAPITAL DES MOTS
et dans la revue Verso n° 160

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