Quinzième volet
Voyage…
Une clef
J’ai trouvé une clef de mots
C’est comme ouvrir une porte scellée d’ombre
C’est du matin versé à même les paupières
L’air bruisselle
Etale à mes pieds des flaques de paysages
Le temps a gaufré les falaises
Feuilleté les pans de schiste noir
Dépecé les façades
Restent où marcher
Tous les chemins d’exil traversés
Je n’ai que l’embarras du choix de mes rivages
10 mai 2015
Et pourquoi non ?
Ecrire, et pourquoi non ?
Que finisse l’hiver
Fusent la trille ronde des hulottes
Une voyelle de plume
Insurrection
L’échappée cohérente (ou presque)
C’est à ça que ressemble l’eau dont nous avions soif
Serpents de moire/mirages
sur le goudron crevé
chaleur trouble de l’air
Tornades sèches
aux spirales de sable, de feuilles
de papiers gras
Une porte mal fermée
mal ouverte, je ne sais pas ?
Et s’engouffre la nuit
et avec elle, le froid
la braise vive des pierres
nos pas blessés
Une ombre amalgamée à tous mes faits et gestes
un regard collé à la serrure des mots
Ça fait comme un écho gercé
aux lèvres
Alors taire ?
14 novembre 2013
Texte paru au CAPITAL DES MOTS
J’aimerais être sable
Arrimer en pays d’automne
Musique de René Aubry : Courant d’air
Pour Valérie
Ce pointillé de brise qui pétille
Rouge bruisse un feu de sumac
Un jardin de soleils aux rires égrainés
Des anneaux chevillés
A l’âme
D’un éboulis contenu
Arrimer en pays d’automne
Mémoire estampillée
Comme un sticker collé au front des vitres
Faire le plein de Nous
Pour jamais ce manque de ciel
22 octobre 2013
Extrait de L’or saisons aux éditions Tipaza
Septembre soir
Dimanche de septembre soir
Pas d’issues à ce paysage
Comme s’il coulait un sang atone
De mon encrier de brouillard
Plus de message à délivrer
Circulez, y a rien à voir
La ville a verrouillé l’été
Dimanche de septembre feu
Mortes, les feuilles de mon cahier
Des papiers, de ratures noircis
Et des pages blanches froissées
Plus de message à délivrer
Circulez, y a rien à dire
La ville a verrouillé les mots
Dimanche de septembre pluie
Aveugles, les vitres embuées
Eteintes, les flaques des trottoirs
Muette, l’eau de leurs reflets
Plus de message à délivrer
Circulez, y a rien à filmer
La ville a verrouillé les miroirs
Dimanche de septembre nuit
La trouée bleue d’un gyrophare
Pulse à travers l’obscurité
Les dernières mesures d’une vie
Ce qu’elle m’a donné, je l’ai pris
Y a plus rien sous les pavés
Veines de bitume taries
La ville a verrouillé mon histoire
13 octobre 2013
Septembre soir from C. Daviles-Estinès on Vimeo.
Musique et voix : Michel Borla
Texte et vidéo : Colette Daviles-Estinès
Contre-soir
Dans l’encoignure de mes murs
un crépuscule similaire
au feu tout flamme
contre-soir
Il est des soleils rémanents
dont la lumière indélébile
longtemps affleure à la surface
Un linteau vermoulu
la photo répétée d’un sahel de dune
où mon enfant trottait
un genou, une hanche
Pendus au bleu des poutres
des chardons de poussière
et le parfum fané
d’une rose rouge
sèche
10 octobre 2013
Texte paru au CAPITAL DES MOTS
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