Quinzième volet
Voyage…
Maloya
Un angle de ma fenêtre est biseauté de lune
C’est par là que la nuit déborde
Et déverse pêle-mêle
Une odeur fumée de spirale
Une maloya de samedi soir
Une esclandre de chiens
Un coq suraigu
A ma cheville s’agrippe une morsure de fièvre
Je me débats
Et dent pour dent
Je t’assassinerais volontiers
Tu sais
13 mars 2016
Brèves malagasy
De brique rouge et de broc
Les piroguiers rabattent leurs troupeaux d’oies de rizière
Les reflets dans l’eau rouge voyagent
Analavory
Les wc au fond des planches de la cour
La misère s’échafaude
De brique en brique rouges
Un flash de soleil
Reverdit la lumière
Au bout du monde
La frontière de l’infini
Foule aux pas si pressés
Seuls dorment les chiens
Comme s’ils se mouraient au soleil
Des sirènes ouvrent la voie aux vitres fumées
La rage aux ventres
Lève son poing serré
7 mars 2016
La Belle et le Vasaha
Tu n’es pas jalouse, j’espère
Dit le vieux Vasaha*
Elle hausse une épaule
Belle et docile
Passive et dégoûtée
* Vasaha : Le blanc, l’étranger en langue malgache
5 mars 2016
Mon pays
Je sais d’où je viens
Je suis d’Expatrie
4 mars 2016
L’accueil
Voyage au bout de ta nuit
Il ferme les yeux très fort
Il dit je fais la nuit
Où va alors le ciel ?
Le ciel va à la nuit
Comme un fleuve à la mer
Desserre les paupières
Laisse un filet d’étoiles se forer un chemin
Au bout du bout du ciel
L’embouchure de l’aube
2 mars 2016
Ampefiloha
Les enfants collent leur bouche aux vitres des voitures
Agitent leurs mains de sébile
La chaleur a crevé une poche de ciel
La nuit s’embourbe
Dans les rues d’Ampefiloha
29 février 2016
Réunion sacrée
Temples comme émergeant
D’un mirage bariolé de palais
Croix blanches au deuil dressé pur
Dans l’irrémédiablement ciel
Rouges oratoires où les cierges se consument
En de vénéneuses prières
Et puis la voix des minarets
Tellement offerte aux crépuscules
22 février 2016
Alizés
Le vent s’est emparé des ombres
Elles flambent comme des torches noires
La terre a bu toute la saveur des pluies
Un escargot pointu suce une trace d’eau
Et les alizés poussent une houle diagonale
17 février 2016
Déclaration
J’ai parfois perdu confiance
Et souvent mes illusions
J’ai un peu perdu la tête
Beaucoup de temps
Des êtres chers
La vie n’est qu’un grand désordre
Jusqu’à ce qu’on la perde aussi
Pourtant je t’ai trouvé
Entre 15° longitude Est
Et le 21ème parallèle Sud
Que tourne la Terre
Jusqu’à la fin du monde
14 février 2016

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