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Quinzième volet

Voyage…

Le jardin dans ma tête

Ce jardin, je ne l’ai pas
Mais il me suit ou me précède
Je l’habite partout dans ma tête
Des rossignols couvrent le bourdon acouphène des étoiles
Et la rivière nappe la gringotte des rossignols
Phrases d’un silence liquide comme la nuit
La nuit est volubile
Elle amplifie aux arbres la chamade du vent
Elle anticipe une bordée de tourterelles
Jetée par-dessus l’aube

14 juin 2016

Le dromadaire dans la poubelle

Le dromadaire dans la poubelle

Il n’a pas l’air très mort, le petit dromadaire. Mais je suppose qu’il l’est, puisqu’il est tout plié dans une poubelle. C’est une grosse poubelle ronde et verte, accrochée comme un flotteur devant un étrange pédalo, une sorte de vélo de mer.
L’homme qui l’enfourche pédale vers moi. Il porte un drôle de maillot de bain avec de la fourrure là où son corps est en contact avec la poubelle, c’est à dire sur les cuisses, les genoux, les avant-bras jusqu’aux mains gantées de mitaines.
Je m’offusque. Ce type ne va quand même pas jeter ses ordures ici, dans la mer ?!
Mais non, il passe son sillage en pédalant toujours.
Je m’aperçois que l’eau est infestée de requins. Ils me frôlent de tous côtés, devant, derrière, dessous. Font des remous qui me soulèvent et me ballottent.
Je me demande comment j’ai fait pour être si loin du rivage. C’est ce qui me fait comprendre que je rêve.
Je me réveille avant d’avoir peur.

2 juin 2016

Visions

Je sais des adolescents tels des flammes
aux coins de toutes les rues
La vie a mis à sang et à feu
leurs vies comme des pages écrites
Et je les vois, ces pages
se recroqueviller sur les mots
Les mots se tordent
se déforment et flambent
S’évanouissent les silhouettes
Le vent disperse alors
d’illisibles pétales de cendre

17 mai 2016

Poème en roue libre

Paillettes d’étoiles jetées
le long du Nil
Ça brille comme de la poussière de braise
J’ai dans mes poches
des tessons de fleurs gelées
quelques brins de vanille
une graine de volcan
toute alvéolée de nuit
et le voile d’eau de la mariée
J’ai pour projet immédiat
de gratter le soleil blanc des verrières
et de chavirer le magasin des orages

18 avril 2016

In L’or saisons aux éditions Tipaza

Livres Batailles Hiroshima

Hiroshima
Livre Batailles avec dessin original de Jean-Louis Charpentier

Exemplaire unique
Publication mai 2016

un jour ce fut la nuit
au soleil noir levant
une nuit assourdissante
matin pulvérisé

un jour le néant
a fait tanguer le ciel
le dard d’une foudre
a déchiré le monde

la folie ce jour-là
son brasier de fureur
propagea dans tes veines
une sève vénéneuse

toxique haleine
des panaches de cendre
Humanité soufflée
comme fétus de chair

le silence depuis
couve une braise lente
dans le ventre des femmes
une mémoire de lèpre

un jour ce fut la nuit
au soleil noir levant
squelette Genbaku
son dôme biloba

Mars 2016

Livres Batailles Deux rives

Deux rives
Livre Batailles avec dessin original de Jean-Louis Charpentier

Exemplaire unique
Publication mai 2016

 

Ils m’ont sanglé le bras
et attaché ma veine
Mon cœur trace une ligne
fluo et syncopée

Je suis dans une mâchoire
où il fait toujours nuit
J’ai les os traversés
de diamants d’escarbilles

Par la fenêtre ouverte
déchirure insensée
d’une échelle de souffrance
De un à dix, quelle valeur ?

Vingt, je réponds
Ils disent que c’est normal
qu’il faut seulement doser
la charge des banderilles

Je vais entre deux rives
où l’air se raréfie
Je dévale et gravis
les marches de ma fièvre

Je sens que je m’éloigne
que quelque chose me happe
Ils disent que c’est normal
que je vais revenir

Mars 2016

Livres Batailles Epicentre

Epicentre
Livre Batailles avec dessin original de Jean-Louis Charpentier
Exemplaire unique
Publication mai 2016

 

Elle, brandit les hampes
de leurs bouquets d’étés
comme des torches vives
qu’elle éteint sous la bruine

Lui, amoncelle les nues
serrées comme des orages
Le ciel s’envahit d’hiver
et de flocons

Elle, s’enroule spirale
Un tourbillon de mots
enfouis sous les remparts
Camisole de silence

Lui, porte-voix l’estocade
le tranchant des questions
sur l’abîme creusé
de leurs deux solitudes

Elle, a tellement froid
de sa propre distance
Lui, immole leur histoire
de contre-feu en contre-feu

Qui blanc, qui noir ?
De qui la première fissure ?
Amour passion fusion
Epicentre

Mars 2016