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Quinzième volet

Voyage…

Regard

Je m’attache à l’envers des pas
et aux fenêtres ouvertes
dans le miroir profond des sols
Je cueille l’ombre du vent
happée dans les hélices
Je capte la lumière
qui crawle et se délite
à la surface de tout ce qui onde

27 janvier 2017

 

Baie d’Ha Long

La nuit désamarrée
se lève à bâbord
puis à tribord
Ainsi tournent l’aube
autour de la baie
la baie autour de la jonque
la jonque autour de l’ancre
Lumière calligraphiée
d’une risée d’étain et d’émeraude

Ainsi tourne le ciel lisse
Tout au bout de l’infini monde
Jamais tant pris le large
dans l’eau de ton silence

24 janvier 2017

 

Mamie Louisa

Mamie n’a pas eu d’enfance, puisqu’elle n’en a jamais parlé.
Sa vie a commencé à 18 ans, lorsque mon grand-père maternel est venu l’enlever à l’orphelinat de Saïgon. C’était quelque chose, aimait-elle répéter. C’était l’amour de toute sa vie.
Je l’imaginais assise en amazone derrière son prince charmant sur la croupe d’un cheval blanc mais ça, elle ne l’a jamais dit.
Mon grand-père est né à Vinh Thanh Van. Il était eurasien comme elle et exerçait le métier d’aviateur. Je ne crois pas qu’il l’ait enlevée en avion.

Matrie (éditions Henry)

22 janvier 2017

 

Impériales

Huế, Hà Nội
Aux reflets de cités noyées
Pénombre sculptée des pagodes
L’enfant moine a froid aux pieds nus
Un vieux bébé chien patauge dans son rêve
On entend la pluie frire sur les toits
Et les oiseaux
Partout des chants d’oiseaux
Leur voix en cage

 

18 janvier 2017

 

Nha Trang, le vent

Le vent
toute la nuit
serpent aux anneaux fous
fouette la coulisse de verre et de métal
Harpe de houle

Au matin la mer
a révélé des îles
et désenfoui les rochers
déjà vus ?

Comme si je les savais
Comme si je renaissais

Chaque jour un peu plus
me déverrouille

Pourtant
Nha Trang, le vent
souffle russe à la mer

 

 

4 janvier 2017

 

INR vietnamien

À l’hôpital Pasteur d’Hô-Chi-Minh-Ville j’ai tendu mon ordonnance en français,
j’ai essayé de l’expliquer en anglais, on m’a donné un papier rose tout en vietnamien.
Les salles d’attente sont les mêmes partout, on y attend.
Sauf que là, il n’y avait pas de magazine à feuilleter alors j’épluchais le papier rose sans rien comprendre.
Je n’ai vraiment pas attendu longtemps en vietnamien, on est venu me chercher.
Une infirmière m’a fait la prise de sang.
Puis elle a eu l’air de s’intéresser à ma boucle d’oreille.
Elle voulait que je l’enlève, j’ai cru que c’était pour l’admirer.
Elles sont jolies et originales, mes boucles. Elles sont faites en métal rouillé froissé trouvé dans la rue par terre.
Elle a commencé à désinfecter l’attache avec un coton d’alcool, je me suis dit ouh-là quelle hygiéniste, elle est propre ma boucle !…
Je la trouvais bien gentille mais bon, il y avait des gens qui attendaient derrière moi.
J’étais d’autant plus gênée que l’on m’avait fait passer devant tout le monde.
Lorsqu’elle a saisi une aiguille, j’ai enfin réalisé qu’elle voulait me piquer l’oreille.
J’ai dit : no need !
Elle a répondu : Tia tia (approximativement quelque chose comme ça), me montrant avec son doigt le papier en vietnamien, me faisant comprendre que c’était écrit là noir sur rose, une piqûre à l’oreille.
J’ai ressorti mon ordonnance en français, elle a appelé une dame qui en a appelé une autre qui a appelé un monsieur qui m’a conduite dans le bureau d’un autre monsieur qui parlait anglais.
On m’a laissé repartir avec mon oreille.
Je reviendrai quelques heures plus tard chercher les résultats de la prise de sang.
Ouf, mon INR* était ok, écrit en chiffres internationalement arabes.

* INR : International Normalized Ratio

 

29 décembre 2016