
Quinzième volet
Voyage…
Pochée
La lune boit
Elle s’effrange
S’auréole
Pochée dans le lait
d’un nuage
27 novembre 2017
Une incursion dans un autre hiver
J’avais plaqué à la fenêtre
un bonhomme de cellophane
que je grimpais, grimpais
avec ses traces de pieds
au fur et à mesure que la neige
sur le toit d’en face
montait, montait
Une incursion dans un autre hiver
petits pas translucides
entre brouillard et buée
21 novembre 2017
Avant il y avait la mer
Avant il y avait la mer
L’empreinte sur la roche
est celle d’un crustacé
Du moins c’est ce que j’aime à penser
J’aime l’idée qu’avant
il y avait la mer
ici
dans ce pré
où paissent les bêtes
et les pierres
19 novembre 2017
Superstition
Un talisman d’argent et de cuir
Longtemps porté
Gage d’avenir tracé
Puis le cuir s’est rompu à mon cou
L’Afrique éparpillée
J’ai fait alors n’importe quoi
N’importe comment
N’importe où
Je suis devenue n’importe qui
Loin
Délivrée
14 novembre 2017
Petite éternité
il est huit heures de novembre
il fait beau de pleuvoir
à neuf heures le vent lève
lièvres de nuages
à dix heures le soleil
est assis sur les marches
novembre midi
le fleuve d’un troupeau
l’éolyre prolonge les volées du clocher
disperse la petite éternité
de chaque instant
12 novembre 2017
Avec Jean-Louis Charpentier/novembre 2017
Créées par Jean-Louis Charpentier à partir de mes textes.
Oeuvres uniques.



Lure
Flaques de genévriers rêches
Suivre de cairn en cairn
une passe de vent
Seulement arriver là
où la brume reflue
et cède à la lumière
Lure, à la proue du monde
et le chant minéral
du silence des pierres
Jeter par dessus bord
le verre d’eau
de nos tempêtes
6 novembre 2017
La vie de mes fenêtres
Musique de I Muvrini « Un sò micca venuti »
2 novembre 2017
L’automne de Bidouille
Musique de Bill Frisell « Pretty Stars Were Made To Shine »
29 octobre 2017
Playmobil
Enceinte et fiévreuse. Il y a des matins où l’on ferait mieux de rester couché. Mais ce n’était pas possible.
D’habitude, lorsque j’ai de la fièvre, il m’arrive de faire des cauchemars monstrueux.
Mais c’est la nuit, quand je dors. Là je ne dormais pas, je travaillais. Lundi veille de marché, il fallait les cueillir, ces petits pois.
Je cueillais, donc. Je remplissais mon panier que je vidais au fur et à mesure dans des cagettes empilées à l’ombre d’un arbre.
J’avançais courbée dans les rangées lorsque je vis deux énormes Playmobil, de la taille d’un enfant de 3 ans, qui me regardaient fixement, plantés dans le talus.
Il me faisaient peur !
Je me dis que c’était idiot, que j’étais fatiguée, trop de fièvre, trop de soleil, faudrait penser à mettre un chapeau, avance ma vieille, il reste trois rangées à faire.
Je tournais résolument le dos aux apparitions et je continuais à cueillir, je houspillais mentalement le très récent petit locataire dans mon ventre : des Playmobil franchement à ton âge, que t’es même pas né !
Je leur tournais le dos mais il en surgit un troisième à un mètre de moi, au milieu des petits pois.
C’en était trop ! Je lâchai mon panier et remontai en courant à la maison, terrorisée.
Il était midi de toutes façons, l’heure de préparer le repas.
J’étais dans la cuisine lorsque le frère de mon futur fils entra. Je lui racontai mes délires en riant beaucoup. Il riait avec moi mais me prit la casserole des mains : Kô tu devrais aller te reposer.
Je riais tout en parlant, et tout en riant je me mis à pleurer. Parce qu’un Playmobil se tenait insolemment debout dans l’évier.
24 octobre 2017
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