Commentaires récents

Connectés

Archives

Quinzième volet

Voyage…

Damoclès

On multiplie le ciel
dans le tain des miroirs
des collines immédiates
et des échos de crêtes
de brumes bleues en brumes noires
mais qui désarmera au-dessus de nos têtes
ces épées suspendues ?

Froid chaud froid
espoirs découragés
Je vacille, trébuche
sur vos lignes de faille

10 avril 2024

 

L’éclaircie

Donnez-moi des chariots d’étoiles
donnez-les-moi en vrac
ce n’est pas grave
de toutes manières
elles se perdront
dans la nuit de mes fenêtres

Puis le jour se lèvera
avec un soleil pauvre
et blanc et sans contour
comme une lune
à travers la brume

Pas très généreux mais
ce sera un pauvre soleil
courageux

 

Le cheval que je n’ai jamais eu

Il était blanc. Blanc comme un lapin mais sans les yeux rouges.
Il était arrivé un dimanche matin dans le jardin que nous avions à N’Djaména, le portail était resté ouvert.
On n’a jamais su d’où il venait. C’était un cheval errant. Il broutait allègrement la pelouse qui sortait tout juste de terre, au grand dam de mon père qui l’avait semée pour la deuxième fois. La première fois, il était surtout sorti des pastèques, les graines étaient sans doute mélangées au crottin qu’il s’était procuré pour engraisser le jardin. Il avait recommencé son semis. Moi j’aurais bien voulu que l’on garde les pastèques plutôt que le gazon, comme j’aurais bien voulu que l’on garde ce beau cheval (il n’était pas très beau en fait, il était très maigre), je rêvais tellement de faire de l’équitation ! Mais il n’en était pas question, mes parents n’ont pas voulu le garder. Il s’est laissé reconduire à la frontière de la forêt d’eucalyptus en face de chez nous. Il s’y est enfoncé paisiblement avec l’air de savoir où il allait.
Dommage, je l’avais déjà appelé Stewball.

 

Patatras

J’ai aimé les savoir attablés sous le chêne
tous ensemble
une bougie sur la table
la pénombre autour d’eux

J’étais dans leurs pensées
je le sais, j’y étais
j’étais dans la nuit conjurée par la flamme

Je porte en moi le deuil
de mes amours vivantes

C’est un chagrin d’amour

Les (avant) dernières poupées de l’année

Là ce sont juste les dernières poupées de l’année.

Bon 2023 n’est pas finie !… A la fin de l’année je ferai une rétrospective (ouh là, 137 poupées pour l’instant et ce n’est pas fini, je vais avoir un sacré boulot de montage…)

La musique de cette vidéo est des Danger Birds. (merci à eux pour leur aimable autorisation !)
Comment ?! Vous ne connaissez-pas encore les Danger Birds : a tribute Neil Young Band ? Et Neil Young, vous connaissez, quand même ? Et ben c’est tout pareil.
Leur chaîne youtube : https://www.youtube.com/@dangerbirds

Marcel

Pas exigeant, l’ami Marcel.
Il a sa place dans le salon et laisse la chambre d’amis aux amis.
Bon c’est vrai, il est un brin vorace et il a toujours la gueule de bois mais il est tellement chaleureux qu’on lui pardonne.
Ce matin, comme tous les matins, je l’ai réveillé.
Mal fagoté, il avait l’œil un peu charbonneux et un teint de cendre. Il a suffi de le chatouiller un peu, ça lui a ravivé les joues, elles étaient rouge braise.
Je l’ai nourri d’un restant de part de bûche de la veille.
Ce qu’il préfère par-dessus tout c’est lécher, croquer, mordre dès le matin une écorce de mandarine ou de citron que l’on a fait sécher. Rien de mieux pour le ranimer.
Il en rougeoie, il en pétille, il se met carrément à ronronner, voire même à ronfler mais il ne dort plus, non, il est enthousiaste, tout feu tout flamme.
Toujours joyeux, jamais fumasse.
On peut compter sur lui, lui dire Allez, chauffe…

3 janvier 2021

 

 

Une journée d’octobre rose

Tout le personnel de l’hôpital a revêtu des blouses roses. Les infirmières comme les médecins. C’est très joli, ça leur va très bien.
On m’indique aujourd’hui la salle numéro 9. Pas la salle numéro 11, la grande salle tout au fond où il y a six fauteuils. Je n‘aime pas cette salle parce qu’il y a une télévision bavarde allumée en permanence. J’emporte toujours un livre. Un jour, une infirmière compatissante m’avait demandé si j’arrivais à me concentrer sur ma lecture, j’avais répondu non. Elle avait baissé le volume.
Aujourd’hui salle 9. Nous sommes quatre. Quatre femmes. Ellles parlent de leurs prothèses, elles comparent. J’ai une prothèse en silicone, c’est trop lourd, ça me déséquilibre, dit l’une d’elle.
J’ai préféré une prothèse en mousse, répond une autre.
Puis la conversation glisse sur l’insécurité routière, l’insécurité tout court, dérape sur des propos racistes. Une vraie discussion de comptoir, nos consommations en perfusion. L’infirmière ne peut rien pour moi, elle ne peut pas les taire.
Deux heures plus tard, je repartirai en taxi. Mon chauffeur du jour s’appelle Valentine. Je l’aime bien, Valentine, elle ne dit rien. Même si elle écoute la même radio que les autres taxis, elle est la seule à la mettre en sourdine. Mais même tout bas, j’abhorre Chérie FM (rien que le nom !). Il y a toujours des chansons absolument extra-ordinaires. C’est à dire qui sortent de mon ordinaire…
Oh je ne sais pas qui est le chanteur, je ne veux pas le savoir. Mais son refrain : Dites lui que je l’aime, ce p’tit cœur à la crème va me coller au cerveau toute la journée…(en vrai je ne suis pas sûre des paroles mais c’est ce que j’ai entendu). Trois quarts d’heure aller, trois quarts d’heure retour, Chérie à la crème, c’est ce qu’il y a de plus éprouvant.