“On a eu l’impression, pendant cette épidémie, que la réalité devenait plus agréable: le ciel était bleu, il n’y avait pas de voitures… il y a un espoir que des choses changent” (Hubert Reeves , La terre vue du coeur)
Certes, mais ce que je vois, c’est que ça a agi comme un révélateur de choses bien petites aussi. Moi je n’ai pas d’espoir que les choses changent. L’humanité n’en sortira pas grandie parce que l’humanité n’est pas grande. L’humain est petit et le restera. Ce que je vois, c’est le verre à moitié vide. Même si malgré tout, on peut voir le verre à moitié plein, il y a des gouttes qui le font déborder. Ces gens qui veulent chasser la voisine infirmière parce qu’elle est en contact avec des covidés et risque de contaminer l’immeuble… Ce propriétaire qui veut virer un locataire malade parce qu’il n’est pas question qu’il crève dans son appartement… La délation, les petites haines culpabilisatrices et donneuses de leçon, l’égoïsme des petits mon cul d’abord (je ne parle pas que du PQ). Cette humanité est monstrueuse, comment voulez-vous avoir de l’espoir ? Je ne parle même pas de ce gouvernement incompétent qui nous sert des discours huileux pour mieux nous en…tuber ni de ses chiens de garde qui abusent du pouvoir qu’ils ont et ces autres chiens de garde qui abusent du pouvoir neuf qu’il s’improvisent et se donnent. Exemple, cette gérante de supermarché qui refuse l’entrée à un homme parce qu’il vient chaque jour prendre un litron de vin sous prétexte que ce n’est pas un achat de première nécessité…
Tous ceux qui sont grands (mes amis, je vous aime), le sont parce qu’ils l’étaient déjà, merveilleux de générosité et d’humanité tout simplement. Ils le restent.
Je suis une privilégiée, mon chez moi est magnifique, ouvert sur les arbres et les oiseaux. Je ne peux pas me plaindre.
Je me mets à la place de celles et ceux qui n’ont pas même un balcon à leur fenêtre. Je vois passer des publications aigries et jalouses. Je peux comprendre mais j’ai mes limites : la délation me révolte et je ne la comprends pas. Allo la gendarmerie ? La voisine laisse ses gosses jouer dehors / Il y a une personne dans mon immeuble qui n’habite pas là normalement / Un couple fait ses courses en ne respectant pas la distance de sécurité…
J’ai la chance d ‘être confinée avec l’homme que j’aime et il n’est pas question de gestes barrière entre nous, moi c’est dans ses bras que je me sens en sécurité.
Et puis je connais une personne, confinée en ville dans un tout petit studio. Alors qu’elle a perdu ses chats, sa vue sur la montagne et sa rivière, (je ne dis pas son nom, elle se reconnaîtra), elle, quand elle prend son téléphone, ce n’est pas pour appeler les gendarmes, c’est pour vous lire un poème.
Je salue aussi la multiplication de ces échanges poétiques via les réseaux et les courriers électroniques, circulation de pépites.
Je salue aussi la créativité, l’inventivité de ces billets ou dessins ou vidéos d’humour. C’est généreux de donner du rire.
Je salue la solidarité de ces gosses (ce ne sont plus des gosses mais l’un d’eux est le mien alors je me permets) qui se sont pris une amende de 135 euros chacun pour non-respect de l’interdiction de regroupement amical alors que l’un d’eux rapportait simplement le linge propre de ses copains qui vivent en colocation dans une maison dont la machine à laver est en panne.
Il paraît que je suis une personne à risque et qu’il me faudra être vigilante lorsque je sortirai. Mais je suis déjà contaminée par la rage, c’est pas bon pour mon cœur, m’sieu l’agent.
Je ne m’ennuie pas, je n’ai jamais su m’ennuyer. Je fabricole des poupées à l’effigie des amis, ça me permet de penser très fort à eux, je couds notre amitié avec le fil qui nous relie. J’écris de la poésie et je fais des vidéos avec des images qui me viennent des oiseaux, c’est ma manière de m’échapper.
Enfin, il ne me semble pas que ce soit une poésie cui-cui les petits oiseaux, mais il paraît quand même que ça agace. On voudrait que je témoigne de mon confinement avec souffrance, la souffrance est de mise.
Mais je souffre, voyez bien. Je souffre de mon manque d’espoir en cette humanité hallucinante de laideur. Il y aura de l’espoir lorsque les cerveaux, eux, ne seront plus confinés. Les cerveaux de ceux qui ont le cœur masqué.
Ayé, je l’ai fait mon témoignage de confinement sur l’actualité barbelée, j’ai vidé mon verre.
8 mai 2020
Oui, c’est cela… Colette
l’Humain restera toujours avec sa petite médiocrité… A moins que…
Mais pas tous. Il y a ceux qui veulent le meilleur.
C’est à eux que je pense.
Laissons donc les rats pester, et passons… nous sommes passants… juste cela
Près de chez nous un délateur ou trice a écopé d’une amande amère par la gendarmerie, parce que la personne qui passait en voiture tous les matins devant sa fenêtre était une adorable infirmière maman de deux jeunes enfants, employée à plein temps pour le covid … Les méchants sont comme les limaces, ils veulent t’entraîner dans leur gluanterie obscure; ils n’ont jamais connu la lumière. Je crois qu’ils sont là uniquement pour nous faire réagir, pour ne pas que l’on s’endorme dans ce monde d’illusions. Moi aussi je voudrais que la terre soit ce paradis perdu…. mais il faut aimer les limaces, quand même. Il faut leur donner beaucoup d’amour en fait. Des épluchures, elles adorent… Donnons des épluchures aux méchants, je ne sais pas moi… du coca ? La Liste COMPLÈTE des Produits Monsanto à Éviter, ils adorent.
Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l’être mais aussi la sagesse de distinguer l’un de l’autre. Marc-Aurèle
« Le monde n’est qu’une branloire pérenne » depuis le XVIe au moins ……buvons un verre et lisons les rêveurs.
Élisons les rêveurs!
Bises
Merci pour ce texte, qui correspond à mes sombres pensées. Je viens de finir mon verre et ma mousse au chocolat. Pas peurpourmoi, mais pour la nature et les animaux,qui vont « trinquer » pour rattraper les « pertes ». J’en pleure.
Merci pour ce témoignage avec lequel j’ai envie de trinquer,( à tous les sens du terme, hélas !) même si je tente de me convaincre qu’il restera au fond du verre un peu d’alcool sous les glaçons qu’on a sucés …
Nous ne sommes que quelques-uns à voir ce verre se vider.
Nous écopons un Titanic qui coule, mais nous écopons car viscéralement nous voulons croire encore à un âge d’or possible.
Mais nous savons bien sans savoir pourquoi que tout se finira dans un naufrage, et nous ne voulons pas ajouter notre complicité à notre impuissance.
Aidons-nous les uns les autres.
Je sais que tu as raison d’avoir la rage, mais j’ai envie de croire qu’on est plein à l’avoir… Et alors peut-être pourra-ton ensemble contrebalancer le pas beau et ceux qui oeuvrent pour lui ; et éviter que nos dirigeants profitent de cet état de faiblesse, de connerie, pour instaurer l’autoritarisme et nous priver de nos libertés individuelles ?
Je le dis, mais non, j’y crois pas quand même.
Hubert Reeves est un magnifique et doux rêveur.
Oui, envie de croire qu’on est plein à l’avoir…
Reprends donc un verre
Plein cette fois de toutes les beautés de l’univers, fais-le tourner entre tes doigts et regarde miroiter la vie
Je vais plutôt prendre un carré de chocolat