– C’est pas moi, c’est Jacques qui m’a dit ! (Oh la donneuse, pardon mon frère).
C’est ce que j’ai sans doute raconté aux parents de la fille avec qui je venais de me battre.
De toutes façons, nous avons tous reçu un savon, la fille, mon frère et moi.
Je ne me souviens pas du prénom de cette gosse qui me cherchait des noises chaque fois que nous nous voyions, et nous nous voyions souvent hélas, nos parents respectifs étant amis.
Qui peut savoir pourquoi nous nous détestions tant ?
Elle avait six ans, j’en avais cinq. Elle avait un gabarit autrement plus épais que le mien.
C’était un scarabée, j’étais une sauterelle.
Elle était surtout belliqueuse, ça devenait lassant, à la fin.
Dès qu’elle me voyait, elle me sautait dessus et me tapait à tour de bras.
J’avais beau essayer de la mordre, de la griffer, de la pincer, de lui tirer les cheveux (qu’elle avait très courts, oh la pleutre), j’avais toujours le dessous.
Je finissais invariablement par hurler Maman, on nous séparait, on nous asseyait chacune sur des chaises bien éloignées, on nous intimait l’ordre de ne plus moufter.
Nous passions le reste de l’après-midi à nous regarder en nous tirant la langue.
A chaque rencontre, c’était le même scénario.
Jusqu’au jour où mon frère âgé de neuf ans décida de jouer les arbitres de catch.
Nous étions à une fête – ni chez elle, ni chez moi – à laquelle nos familles respectives étaient conviées.
Elle fonçait déjà sur moi lorsque Jacques nous héla :
– Stop, les filles, attendez !
Il me prit à part et me montra son poing fermé :
– Tu mets ta main comme ça et tu la tapes dans l’œil.
A la fille qui piaffait d’impatience de me coller l’habituelle dérouillée, je l’entendis simplement dire :
– Vas-y, tu vas gagner, elle est pas forte, ma sœur.
Nous étions à deux mètres l’une de l’autre, attendant le signal.
– Un, deux, trois, partez ! cria Jacques.
Je n’ai pas bougé, j’ai attendu qu’elle approche avec ses baffes au bout des bras.
J’ai seulement tendu le poing fermé au bout du mien comme il avait dit, mon frère.
Pan dans l’œil.
Elle a hurlé sa mère, les adultes nous ont séparées, c’est pas moi, c’est Jacques qui m’a dit, nous ont collé les fesses sur des chaises bien éloignées (tous les trois, la fille, mon frère et moi).
On ne s’est même pas tiré la langue, tellement elle ne me regardait pas.
Son œil bleu virait au noir tout autour, je lui avais fait un beau cocard.
Elle ne m’a plus jamais tapée.
12 août 2016
:-))
Bien fait pour « la fille » !!!
C’est vrai que ton truc, c’est pas le kung-fu, mais le taï-chi.
Hurricane Colette a encore frappé ! Je te donnerais bien des cours de coups de pieds dans le museau, mais j’ai pas envie que tu me caftes, moi.