Ce n’est pas un scénario, c’est comme ça que je l’ai rêvé.
Un chapiteau de cirque – Intérieur nuit.
La lumière est poudreuse de poussière de sable.
Je tiens dans ma main une longe. Au bout de la longe, un cheval.
Petit, blanc pommelé comme un camarguais.
Dans la pénombre autour de l’arène (travelling latéral), des silhouettes de spectateurs.
Je distingue (zoom avant) mon amie Joëlle prise en sandwich entre plusieurs épaisseurs de matelas posés sur les premiers bancs des gradins.
On ne voit que sa tête (plan rapproché) et ses avant-bras, les manches roses de son tee-shirt. Ses mains posées en calice sur ses deux joues. Les cinq ou sept matelas de part et d’autre de son corps ne semblent pas la gêner. Même ceux qui sont au-dessus d’elle. Elle est juste attentive au pas dansé du cheval (zoom arrière).
Sur le dos de l’animal, un homme costumé d’aquarelle comme un personnage volant de Folon. Mais il ne vole pas, il se tient debout. Il est si grand, si haut, que je ne vois pas sa tête (contre-plongée), ou bien je ne m’en souviens pas. S’il a une tête, elle est carrée.
Il porte à bout de bras, dans sa main droite, une assiette verte en plastique.
Dans l’assiette, il y a des mots (travelling ascendant).
– Attention, dit Joëlle. Attention au poids des mots !
Inquiétude. Murmures dans les gradins (voix hors-champ) : Le poids des mots, attention ! La bête ne va pas supporter.
Le cheval flanche, chasse du train.
Mais à mon grand soulagement, le petit camarguais se transforme en cheval de trait. Sa croupe s’élargit, devient celle d’un gros gris percheron (fondu enchaîné).
11 décembre 2015
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