Un matin, partout, on se réveille et on essaye d’imaginer que tu n’es plus là.
On n’y croit pas, bien sûr.
On regarde ce qu’on a devant soi et on imagine que ça, tu ne peux plus le voir.
On voit une forêt à La Petite Forêt. On voit Notre Dame à Amirat.
On voit des chèvres à La Saulée. On voit des Ramblas à Barcelone.
Il bruine sur la vitre à Bruxelles, il y a du soleil à Turin. Il fait déjà trop chaud à Antibes, tu n’aurais pas supporté.
Un matin partout, tu n’es plus là mais tu insistes. Faudrait savoir…
Toi le bon vivant, tu es un piètre mort. Personne n’y croit.
Même ceux qui t’ont vu, ceux qui n’ont pas voulu te voir et ceux qui n’ont pas pu.
Salaud, tu fais pleurer les gosses. Tu n’as jamais été père mais tu as fait des filleuls partout.
Les deux plus jeunes ont tenu à t’offrir une peluche.
En parlant de peluche, tu avais raison, il me fait la gueule, le chien que personne ne gardait.
Il fait le mort, il fait le faux.
Il ne me pardonne pas mon absence mais il ne pardonne pas la tienne non plus.
Nous sommes bien d’accord, nous tous :
Il fallait que tu nous lâches. A l’heure qu’il est, on t’imagine enfin soulagé. Tu dois même être tellement content que j’entends éclater ton rire.
N’empêche, l’ami meilleur, tu es devenu le pire ami.
Celui qui va nous manquer longtemps, maintenant, partout.
22 juillet 2012
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