Quinzième volet
Voyage…
Flaques
Avancer aujourd’hui
C’est comme traverser le ciel boueux des ornières
On voit bien qu’il est bleu
Combien de temps au temps pour sécher le chemin ?
Frisure du vent dans les reflets
Résorber la trace écrite de nos pluies
Perdre alors l’or liquide du soleil à l’envers
L’essentiel d’hier et
Le trouble
Limpide
Et la lèvre qui tremble
Tu ne vas pas pleurer maintenant ?
7 mars 2013
Clin d’œil

Sur les instants cristallisés
S’effritent la neige sous les doigts
Le sucre rose sur la langue
le grain du sel sous la dent
Faudrait pouvoir rester longtemps
Faire un arrêt sur l’image
Une mouche satellitaire
Capture d’écran du vent d’hiver
Et nous au chaud des parenthèses
Il pleut battant maintenant
Sur les instants cristallisés
Il reste des notes Epiphone
Un goût de rires Tagada
L’amitié subreptice du chat
23 février 2013
D’où viennent les images
Une page de sirocco cette nuit s’est ouverte
Un souffle à peine plus appuyé que le silence
Un gouffre de sud dans la brèche
Je n’invente rien
Ocre, la neige au matin
C’est comme ça que les mots suspendent à la mémoire
Des chapardes d’images
Des horizons noyés
Des tempêtes éteintes
La mer bat dans les tempes
Un ressac de nuits et de jours et de nuits
Lorsque le ciel arbore un soleil amarré à l’encre des orages
Je ne sais plus alors à quel monde appartient
L’aube ainsi convoquée
3 février 2013
Extrait de Allant vers et autres escales (éditions de l’Aigrette 2016)
Nouvelles d’ici-bas
Pour Lulu
Tu sais
Il reste des fleurs de neige à flanc d’ubac
Et l’antan s’amenuise
Coursives de ruisseaux bruns
Le long de la mémoire
Je n’ai trouvé que de l’hiver
Et du silence
Et de la nuit
C’est de la nuit au kilomètre qui s’étire
Le rétro brode à petits points de non-retour
Flambées lumière des lampadaires
Un éclat… un éclat… un éclat…
4 janvier 2013
Paru dans Verso n° 160 Mars 2015
La tribu
Le ciel est à la brume
Soleil de laine feutrée
L’herbe regorge d’eau
Coulées de sentiers ravinés
Silence spongieux sous les pas
Mais ils sont là, pensées rieuses
Paillettes d’immortelles
A bruisser sous les doigts
Ronde et ample présence
L’alcôve lisse de leurs bras
Je peux être ce qui sombre
Je peux être ce qui fléchit
Ils sont l’étreinte
Et l’ indéfectible clarté
20 décembre 2012
Les petits bonheurs de contrebande
L’unité ramifiée d’un par chemin
A la palabre plurielle
A chaque rang noué
Treillage perlé de pluie
C’est juste là où ça rouille
A la corrosion des non-dits
Mais du soleil à la sauvette
Qui plic
Et ploc
Nous perfuse
Petits bonheurs de contrebande
Comme une traînée de feu
Aux poudres buissonnières
Ça vibre
Et ça murmure
Echos confidentiels
Dans la nuit consentie
C’est de la lumière qui chuinte
Comme ça *******
19 novembre 2012
La voix
Depuis toujours
de poussières latérite
ou de sable ou de givre
le même effritement granuleux sous les pas
Le même froid d’étoiles
leurs cicatrices filantes et immuables
nuit après nuit
autant d’empreintes additionnées
Sous un manteau de ciel
le temps reflue
La voix peut revenir alors
flamme de lampe de toutes les tempêtes
elle résorbe l’hiver, l’angle cassé des pierres
et la douceur des ombres
aussi
Chaque bout d’éternité est une errance révolue
La voix peut revenir
elle est signe que tout s’achève
signe que tout renaît
Elle est le passage à découvert
et l’immunité de l’aube
A peine
à peine frémissent sous la brise
vouées au friable et à la transparence
trophées abandonnés
nos mues peaux de chagrin
8 novembre 2012
Extrait de L’or saisons aux Editions Tipaza
Flamme-enfant
Des rives fertiles, elle passe au large
Tangue jalousement son horizon cranté
Sommets aux tracés obsolètes
Le chien bleu andalou ne répond de rien
Ni l’écureuil fugace, rousseur entraperçue
Automne
Marée basse
Elle cherche là
Au repli des pénombres
Un rêve inhabité
Crypte au bout du hors-piste
Le ciel bruisse noir
Et les adrets s’embrasent de fleurs minérales
C’est comme un hymne, un appel
Elle engrange chaque jour qui passe
Attise l’enfant-flamme au sommeil féroce
Cette absence têtue qui la grignote
En perdre l’impatience
17 octobre 2012
L’enfant passant
Pas même un brin d’esquille
Lune suspendue comme un attrape-rêves
Son impact délayé dans les herbes brûlées
Recadrer la vie
Haute -Définition
Déroger aux bonnes résolutions
Lutter
Et s’éploient vent debout
L’aigre-doux/tamarin
Ligne de sel équateur
Froissé velours d’un baiser de cils papillon
L’enfant passé, passant
Sur le chemin dépossédé
A petits grands pas
26 septembre 2012
Le courant des rivières
Musique de Rivière Noire: » Bate Longe »
C’est le matin
Le matin est à venir
Comme une palissade éventrée
Brèche béante où le vent bat
J’ai descendu loin, je crois
Les marches, vis sans fin
Le courant des rivières, le cours de ma vie
Le matin est à gravir
Il y a de l’espoir à traverses
Une pleine brassée de silences
Saturés de voix comme il se doit
Mais le souvenir est neuf
Il prend sa source aux vasques de soleil
Où j’ai lavé, lavé les brûlures du froid
Le souvenir est neuf, je l’ai puisé demain
Juste dans la coulée de lumière du matin
10 septembre 2012
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