Quinzième volet
Voyage…
Le désoublié
On parle, on parle puis
descellé de son vieux silence
cet enfant qu’on avait muré
sensoriellement flou
mais nimbé d’évidence
Alors on désoublie
Si léger tenu
en plein cœur pourtant
une place à part
10 avril 2015
T’inquiète
T’inquiète
Je marche sur des souvenirs que je n’ai pas
En pays d’eau
Les jachères se cotonnent de kapok de fleurs
Et de nichées de gui
Ce n’est pas compliqué
Les embrassées de vent ont des clameurs de vagues
Chaque souffle aux carreaux chavire un océan
5 avril 2015
Lotus noir
Ma fragile
Je hais dans ta chair
Les fleurs irréversibles
2 avril 2015
Sarment fantaisie
Je fais le sarment de te re-garder
Sarment
C’est un mot qui se tord
Au sens noueux
Facile à enflammer
Promesse rectiligne et sauvage
A l’ivre ouvert
27 mars 2015
En somme, nous
Sédimentaire distance
Comme si l’Histoire avait fermé les yeux
Une pause espace/temps
Traversée de Sahel
Où en sommes-nous ?
Une ondée, sur le quai de ce printemps
Elle ne crépite pas, dans la poussière déposée
Exhale un Tchad de cuir et de cire noire
Antilopes d’ébène falsifiée
L’Histoire ouvre les yeux
Mémoire irriguée de lumière
Chari dépositaire
17 mars 2015
Alors…
Alors le vent en poupe
L’étoile juste au dessus
(on m’a dit c’est la bonne, surtout ne bouge plus)
La vague qui soulève, tient la tête hors de l’eau
Ces mots offerts comme des matins
Ces mains tendues, ces bras ouverts
Où j’apprendrai à me blottir
Alors – même les bras ouverts –
C’est toi ?
27 février 2015
Rien ne se passe
Ce matin encore
Dans la mémoire de mon répertoire
Je n’ai pas supprimé ton nom
26 février 2015
Le cadeau
J’avais quatre ans. Il nous a réveillés, mes frères et moi, il était peut-être 3 h du matin.
Je n’en sais rien, je dis ça aujourd’hui, maintenant que j’ai la notion du temps.
Bref, il était matin/nuit.
Il avait décidé de nous emmener sur une plage.
Je ne me souviens pas où c’était, je suppose que ce n’était
pas très loin de la ville où nous habitions.
Ce n’est que bien plus tard que j’ai demandé à mon père quel était cet endroit mais c’était tant d’années après
qu’il ne se souvenait même plus de cet instant.
Je ne sais pas si le voyage en voiture a duré longtemps ou pas.
Mes frères protestaient d’avoir été obligés de se lever si tôt. Je crois que j’avais un peu froid de sommeil mais j’étais excitée. J’étais contente parce qu’il faisait nuit et que j’avais le droit de ne pas dormir !
Il faisait encore très sombre lorsque nous sommes arrivés sur cette plage.
Plage au sable bleu nuit. De gros rochers ronds, lisses et noirs.
La mer brillait sous la lune pleine…
– Regardez la lune, les enfants.
Elle se levait sur la mer, ronde, lisse et blanche.
C’est comme ça que j’ai aimé la lune pour la première fois de ma petite vie.
Ce fut une révélation.
Mon père était heureux. Il répétait :
– Regardez la lune, les enfants.
Avons nous attendu que le soleil se lève ?
Avons nous passé la journée à la plage ?
Je me suis peut-être endormie, je ne me souviens pas de la suite.
Mais il m’est entré dans le cœur, ce cadeau de lever de lune.
Il n’en est plus ressorti.
Décibels
J’aime mieux écouter que parler. J’ai les oreilles qui traînent par taire.
racatacata… racatacata… pof
Je ris.
Vous ne lui direz pas que j’ai ri, au monsieur (il est très énervé),
lorsqu’il a dit : putain de bagnole de merde !
Vous ne lui direz pas qu’il m’a mise de bonne humeur…
Viens ici ! Viens ici, j’te dis ! Gnn d’dieu tu vas voâââr !
Elles parlent un langage que je ne connais pas et j’aime la musique de leurs étranges mots.
Je respire des bouffées d’images, de taïga peut-être ?
Rebonds de pétarades, symphonie de moteurs, les notes vinaigrettes des sonneries de portables et des klaxons stridents.
Ça traverse le coton acouphène du bruit qui m’enveloppe.
Elle dit Papa, la frissoulette. Une première fois d’abord.
Et puis elle dit : Papa, j’ai besoin d’un câlin, là.
et c’est comme une étreinte, logée là.






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