
Quinzième volet
Voyage…
Puzzle
Quelques fois on fait des enfants
Et puis quelques fois
sans faire exprès
on les défait
Il leur faut alors rassembler
tous ces morceaux de soi épars
Des tessons et des tessons
de silences
2 septembre 2016
Fantôme
entre veille et sommeil
je me débats
il me tire par les pieds
il m’empêche de dormir
il me regarde grand et froid
comme un glacier
je dis non
je dis va-t-en
je dis je m’en fous
maintenant
lorsque je m’endors enfin
il revient
avec la haine tordue de sa bouche
il semble rire
il fait des bruits de sanglots secs
et dans mon sommeil
je dis non
je dis va-t-en
je dis je m’en fous
maintenant
27 août 2016
Mes poupées vaudouces 2
Poupées entièrement cousues de pensées positives.
Toutes mes réalisations au 26 août 2016.
Brassens Les copains d’abord
26 août 2016
La cabane
On y ho hisse des parois de Canada
Claque au vent l’ombre d’une voile
Sur la roche une lumière blonde
Hisser haut les rires jusqu’au soir
Puis à notes d’harmonica
Clouer des charpentes d’étoiles
20 août 2016
Le scarabée et la sauterelle
– C’est pas moi, c’est Jacques qui m’a dit ! (Oh la donneuse, pardon mon frère).
C’est ce que j’ai sans doute raconté aux parents de la fille avec qui je venais de me battre.
De toutes façons, nous avons tous reçu un savon, la fille, mon frère et moi.
Je ne me souviens pas du prénom de cette gosse qui me cherchait des noises chaque fois que nous nous voyions, et nous nous voyions souvent hélas, nos parents respectifs étant amis.
Qui peut savoir pourquoi nous nous détestions tant ?
Elle avait six ans, j’en avais cinq. Elle avait un gabarit autrement plus épais que le mien.
C’était un scarabée, j’étais une sauterelle.
Elle était surtout belliqueuse, ça devenait lassant, à la fin.
Dès qu’elle me voyait, elle me sautait dessus et me tapait à tour de bras.
J’avais beau essayer de la mordre, de la griffer, de la pincer, de lui tirer les cheveux (qu’elle avait très courts, oh la pleutre), j’avais toujours le dessous.
Je finissais invariablement par hurler Maman, on nous séparait, on nous asseyait chacune sur des chaises bien éloignées, on nous intimait l’ordre de ne plus moufter.
Nous passions le reste de l’après-midi à nous regarder en nous tirant la langue.
A chaque rencontre, c’était le même scénario.
Jusqu’au jour où mon frère âgé de neuf ans décida de jouer les arbitres de catch.
Nous étions à une fête – ni chez elle, ni chez moi – à laquelle nos familles respectives étaient conviées.
Elle fonçait déjà sur moi lorsque Jacques nous héla :
– Stop, les filles, attendez !
Il me prit à part et me montra son poing fermé :
– Tu mets ta main comme ça et tu la tapes dans l’œil.
A la fille qui piaffait d’impatience de me coller l’habituelle dérouillée, je l’entendis simplement dire :
– Vas-y, tu vas gagner, elle est pas forte, ma sœur.
Nous étions à deux mètres l’une de l’autre, attendant le signal.
– Un, deux, trois, partez ! cria Jacques.
Je n’ai pas bougé, j’ai attendu qu’elle approche avec ses baffes au bout des bras.
J’ai seulement tendu le poing fermé au bout du mien comme il avait dit, mon frère.
Pan dans l’œil.
Elle a hurlé sa mère, les adultes nous ont séparées, c’est pas moi, c’est Jacques qui m’a dit, nous ont collé les fesses sur des chaises bien éloignées (tous les trois, la fille, mon frère et moi).
On ne s’est même pas tiré la langue, tellement elle ne me regardait pas.
Son œil bleu virait au noir tout autour, je lui avais fait un beau cocard.
Elle ne m’a plus jamais tapée.
12 août 2016
Tu viens de là
Tu viens de là
Terre craquelle
Aux arbres aigres
Tu viens de là
Cette lumière
Tellement bleue
Et – bleu sur bleu –
Le ciel crève
Une pluie de bombes
Le sang des tiens
Tu t’exiles
On t’exile aussi
Ils t’exilent encore
Terre barbelée où tu attends
Tu ne sais où porter tes pas
Tu viens de là
De la planète
6 août 2016
Racine(s)
Racine(s) from C. Daviles-Estinès on Vimeo.
Elle.
Elle est née de cette terre.
Et cette terre est dans sa valise.
Dans une main elle la tient et dans l’autre : elle serre une corde.
Elle la serre, elle l’attrape, elle la perd et elle l’accroche.
Comme dans une quête d’ identité et de questionnement sur ses racines, cette jeune
femme joue d’une corde comme de son lien à sa terre patrie : entre prise et lâcher
prise, entre pieds sur terre et pieds en l’air, entre tête qui tombe et mains qui
s’ouvrent .
Elle trace sa vie en mouvements désaccordés dans un souffle mêlé de rires étrangers.
Sa terre valise suit le parcours comme un chant lointain suspendu,
puis s’ouvre, puis tombe et prend racine à nouveau.
Les pieds sur terre.
DISTRIBUTION
Ecriture et interprétation / corde lisse : Inbal Ben-Haïm
Création et interprétation / univers sonore et musical : David Amar
Mise en scène et direction d’acteurs : Jean-Jacques Minazio
Production : L’attraction – Soutien en résidence : Ville de Puget-théniers
Spectacle du 30 juillet 2016
Juste après midi
L’après-midi est une bête qui a soif
Elle lape toutes les ombres
Avec sa langue de bitume
Chaleur sillage, ventre à terre
Pas un filet de vent
A peine, à peine bat
Le flanc de la poussière
28 juillet 2016
Juillet
Les cigales frottent l’air
C’est un juillet comme un autre
Je broie du bleu
N’effrite que des couleurs sèches
24 juillet 2016
Ensuite
C’est la première fois, ici
Que l’on entend le silence de la mer
Le soleil est trop bleu
Sa lumière de silex
Partout, des roses coupées
Bataille de fleurs semées
Le long d’un triste carnaval
Vagues de larmes
Comme paquets de mer
Jour et nuit
Nuit et jour
Les écrans portent disparus
Retombées d’escarbilles
Aveugles étincelles
Auxquelles se nourrissent
Les feux de mauvaise joie
19 juillet 2016
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