
Quinzième volet
Voyage…
Au nom des pères
J’ai deux noms
J’ai deux pères
Le premier me veine de son sang
le deuxième me l’encre
J’ai fait deux voyages
(retour-aller)
Un voyage retour
pour trouver la sève
qui m’a mise au monde
Un voyage aller
pour ne pas oublier
celui qui m’a portée au monde
Et j’attends beaucoup
J’attends de moi
qu’ils soient fiers, mes deux pères
J’attends de moi
que prenne
la bouture de l’encre et du sang
14 mars 2017
Les Journées Poët-Poët 2017
Inbal Ben Haim, elle dansait sur sa corde et le papier acrobate chantait l’orage, la mer
et les galets (j’ai précieusement gardé le confetti qu’elle m’a offert).
J’ai été touchée par la fuite en avant d’Emmanuelle Pépin et Olivier Debos, l’expression des corps et des visages.
Paul Laurent, trop loin perdu dans le noir, je n’ai su capter que son visage un instant éclairé par un flash.
Sabine Venaruzzo, la Cie Une petite voix m’a dit (mais elle crie aussi) avec Raphael Zweifel au violoncelle. Sabine sans qui Les Journées Poët-Poët ne seraient pas.
Fatiha Sadek, elle contait Bruno Doucey et Paul Eluard sur le soprano de David Amar et les percussions subjuguantes de Davy Sur.
Et enfin, j’ai été emportée par « Le chant des possibles » de Marc Alexandre Oho Bambe et la musique et la voix d’Alain Larribet (frissons !).
Un immense merci à Sabine Venaruzzo et son poët-burö, à tous les artistes, à Muriel Revollon et Sarah Vernette de nous avoir invités en pays de Pouasie, et à Magali Revest qui nous a guidés dans cette déambulation avec ses mots de craie sous nos pas.
Avec Sabine Venaruzzo, Inbal Ben Haim, Emmanuelle Pepin, Debos Olivier, Fatiha Sadek Conteuse, Paul Laurent, David Amar, Davy Sur, Marc Alexandre Oho Bambe, Alain Larribet
12 mars 2017
Tout va
De mieux en mieux
tous les jours à tous points de vue
tout va
de mieux en mieux
de mieux en vieux
de vieux envieux chamanes
dansent la danse à
défaire les nœuds de
la petite musique désaccordée
Tous les jours
tout va
de dieux en dieux déchus
de leur éternité
provisoire
Tout va la route
aux incantations d’arbres
colonne vertébrale de l’ombre
J’étoffe les osselets de lumière
le tissu plain des heures
(si seulement)
Toutes les nuits aussi
de mieux en mieux
tout va
balisée d’éclats
l’échine des glissières
10 mars 2017
Golden Smiles
Musique de Manu Tchao « Me Gustas Tu »
7 mars 2017
Le jour de ton dernier voyage
Pour Catherine envolée trop tôt
Le dernier soir de mon voyage
Un soleil rouge de carte postale
Absorbé par la brume de mer
Comme une chandelle s’éteint
Oh la criée des oiseaux
Ton visage souffle/soufflé
La nuit, le dépli de son aile
4 mars 2017
Pattaya 2
Haleine brûlante des pots d’échappement
Et la fumée sucrée des grillades de rue
La mer roule des hanches
Cette putain sarcelle
Littoral fardé de parasols
Et de palmiers vernis
27 février 2017
Rencontres
Dédié à Thuan et Hùng
Il y aura toujours
Quelque part loin
Sur la Terre
Quelqu’un
Qui aura gardé un peu de nous
Nous aurons gardé un peu de lui
C’est un sourire
Qui pèse
Au creux de là
Gặp nhau
Sẽ có mãi mãi
Đâu đó xa xôi
Trên trái đất
Một người
Lưu giữ một phần của mình
Mình cũng lưu giữ một phần của họ
Đó là nụ cười
Thâm trọng
Tiềm ẩn nơi đó.
26 février 2017
Merci à Christine Ly pour la traduction.
Dans mon rêve
Un parking où sont garés des éléphants.
Pas moins irréel qu’un cimetière des éléphants,
ces palaces désertés où l’on ne dort pas.
On ne dort pas, à Ban Mê Thuôt (des coqs à tous les étages !).
On y mange encore moins
sinon des Pappa Roti.*
Dans ce parking aux éléphants,
une femme aux yeux gonflés
tient dans ses mains un papier rose,
mais rose comme un ciel d’aurore.
Elle essaye de lire (avec ses yeux gonflés)
mais les nuages sur la page boursouflent les mots
et les gondolent d’humidité.
La rue Ama Trang Long
est bordée de faux ashokas,
ces arbres aux branches pleureuses
comme des épaules affaissées.
Et le vent.
Du vent en poussière
qui farandole.
23 février 2017
* Les Pappa Roti sont des sortes de délicieux petits pains briochés originaires de Malaisie. C’est la seule chose mangeable que nous ayons trouvé à Ban Mê Thuôt.
Sơn Ca
Sơn Ca la femme de ménage de la maison d’hôtes où nous séjournons depuis maintenant dix jours est une toute petite bonne femme.
Elle ne parle que le vietnamien apparemment.
Si l’on s’adresse à elle en anglais, elle répond par un filet de voix qui lui sort à peine de la gorge.
Elle émet des petits bruits de souris. On dirait qu’elle n’articule que des voyelles.
On ne comprend rien de toutes façons.
Elle dit plein de mots minuscules de manière véhémente mais très doucement, en chuchotant presque.
C’est très rare ici, les vietnamiens sont pour la plupart tonitruants.
C’est suffisamment rare pour que cela mérite d’être noté et c’est ce que je fais sur mon carnet.
Je viens tout juste de terminer que je la croise dans l’escalier.
Elle me claironne un Hello retentissant qui me laisse pantoise.
Elle m’a cassé tout mon effet.
22 février 2017
Bientôt
Bientôt
Bien trop tôt
Il faudra reprendre le fil interrompu
Le chemin rêche sous les pas
Anticiper les pierres
Tenter de refouler la nuit
Une torche d’amour et de colère
À chaque poing
21 février 2017
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