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Quinzième volet

Voyage…

Hué, le rêve

Au début c’est un beau rêve qui commence bien, je suis dans la citadelle de Hué.
Esplanade pavée de soleil. Et toutes ces portes rouges ajourées ouvertes sur le rien.
Mais c’est un beau rien. De part et d’autre de ces portes, un jardin.
Et la lumière qui frappe au travers, et le vent du jardin qui fait danser les ombres.
Oui, au départ, c’est vraiment un beau rêve.
J’y retournerais bien tous les soirs.
Le truc, c’est qu’il y a des crabes.
Deux crabes de la taille de mon oreiller et rouges vif comme les portes.
Rouges comme s’ils étaient cuits mais ils bougent.
Au départ ils ne me font pas peur, je me dis qu’ils me craindront et ne viendront pas vers moi.
Mais c’est pourtant ce qu’ils font alors non, ce n’est plus un beau rêve.
Je suis obligée de me sauver loin, loin de la lumière des portes ouvertes
et de ces énormes crabes rouges et crus et vivants.

1er avril 2017

 

Cachets de la poste

                                   à Pascale et Paul Vincensini

 

Vieilles lettres relues
comme un journal de l’intime.
Cachets de la poste faisant foi
du temps passé.
Reprendre les nouvelles anciennes des amis.
Certains sont des noms sans visage,
d’autres des visages sans nom.
Les essentiels sont toujours là,
j’en ai peu perdu en route, finalement.
Je me dis Nous existions donc comme ça ?
Avec nos belles histoires broyées d’avance.
Ecorchurées aux tessons
des lunes brisées de Neruda.
J’ai même trouvé trace des chèvres
que j’ai trait d’une lettre à l’autre.
Et même la flaque où Paul
laissa complaisamment une paire de bretelles.
Toutes ces amitiés feuilletées,
cachets de la poste faisant foi
du tant aimé.

 

28 mars 2017

 

Les petits métiers

One dollar
La dentelle d’un lotus
Eclosion de papier

 

One hour
Les marchands de rivière

 

Les vendeuses de chance
La loterie en bandoulière

 

Sur l’épaule
Une perche arquée
Soupe et longanes ballottent

 

Odeur pamplemousse de la sueur

 

19 mars 2017

 

Les ombres

J’ai des ombres lacées aux chevilles
Elles me suivent
déployées
comme une laisse de mer
ou me précèdent
à foulée longue
embusquées
dans les replis d’un silence à venir
Elles se calcinent
denses
au midi des jours bleus
mais s’enroulent alors
autour de mes poignets
Et le poème s’étrangle
en mots serrés
tordus
recroquevillés
Lueur minuscule
d’un bûcher d’allumettes

16 mars 2017