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Quinzième volet

Voyage…

Goutte-à-goutte

Je te raconte
la pluie des grains de verre
Je te raconte
le rouge ardeur des roses
Je te raconte
le chamane occitan
Je te raconte
l’ami debout
Je te raconte
le rythme Haka des poèmes maoris

Tu entends goutte-à-goutter
les mots en perfusion

10 mai 2017

 

Le monde

Une page où j’ai écrit le monde
C’est un joli mot, le monde
C’est un mot rond en bouche
pour quelque chose de beau
ou de nouveau
surtout si on est debout
comme les enfants peuvent l’être
à se tenir debout et tous ensemble

C’est un drôle de mot, le monde
C’est un petit mot pour quelque chose de grand
ou encore de très loin
surtout si on est au bout
et que l’on peut laper du regard tout le ciel

Mais je pensais à quoi
lorsque j’étais si triste
ou alors hébétée ?
J’ai posé fin devant
Fin du monde, puisque.

Une page où j’ai écrit le monde
mais c’est un bien grand mot, le monde
surtout s’il est écrit avec la boue de la colère
Ce n’est qu’un dérisoire petit mot
perdu dans le poème

Je vais tourner la page

 

3 mai 2017

 

Sans titre 2

Avant
sur la route
je regardais un petit sapin de carton
accroché au rétro
cadence virevolte
senteur pomme verte

Pendant
Jeff Buckley
les beaux accords de sa prière
Je n’ai pas touché
les veines du bois blond

Après
c’était fini
ils ont tiré le rideau
sur les bouquets sauvages

 

27 avril 2017

 

Journées d’Avril 2017

La deuxième édition des Journées d’Avril à Clans (06) « L’or du temps » a eu lieu les 21, 22 et 23 avril 2017, à l’initiative de Pascal Giovannetti et l’association Le Zampi De Clans.
Cette vidéo n’est qu’un petit aperçu de ces rencontres littéraires et poétiques.
Je n’ai pas pu filmer tout ce qui s’est passé, mais vous pourrez voir :
– Sabine Venaruzzo improvisant (le vendredi soir) sur les textes produits par les participants de l’atelier d’écriture animé à Clans par Pascal Giovannetti ;
– Moi-même (le samedi soir) lisant un de mes poèmes vietnamiens, filmée par l’ami Franck ;
– Patrick Quillier disant une partie de son épopée sur la guerre de 14 : “A la mort, à la vie” ;
– Le collacteur SCZ lisant un de ses collages, suivi par le joyeux brouhaha d’une partie des poètes présents.

25 avril 2017

 

Sans titre

J’ai la mémoire irriguée
des ruisseaux de nos rires mais
de quand date ta dernière bouffée de joie ?
J’ai la mémoire irriguée de ruisseaux
et j’ai pris l’eau
J’ai pleuré déjà
l’année dernière
il y a deux mois
avant-hier
Je t’ai pleurée de ton vivant de sabre
Maintenant je peux juste
me tenir debout
droite contre le vent
Maintenant tu dors
plus que de raison
Tu n’habites plus ton absence
et j’ai la tristesse froide des pierres

20 avril 2017

 

Bribes

Les Hauts Plateaux avec les mariés de la cascade de Gia Long, le parfum des caféiers en fleurs et du poivre, la lune pleine et le vent de Ban Mê Thuôt, l’église rose panthère d’Ho Chi Minh Ville, les transports en commun, les tortues et la pénombre sculptée de la Pagode de l’Empereur de Jade, le quartier Cholon et son dragon, le marché Tan Dinh, les reflets d’un Highland Coffee et le dernier survol.

Musique de Bobby McFerrin Circlesong Six

 

17 avril 2017

 

Puzzle

Il était une fois au Vietnam, ma sœur, un frère.
Il était une fois leur père, ma mère et ce qui arrive souvent aux couples,
leur père, ma mère, un divorce.

Il était une fois ma mère, mon père et nous.

Il était une fois ma sœur, un frère, leur père disparus
sans laisser de trace.
Il était une fois ma mère et sa souffrance.

Il était une fois en Nouvelle-Zélande, mon père, un crabe.
Ils se sont battus, mon père a perdu.
Il était une fois ma mère et sa souffrance.

Il était une fois en France, ma mère, un nouveau père et nous.

Il était une fois au Tchad, ma mère, leur père.
Ils ne se sont rien dit.
Mais il était cette fois où nous avons appris l’existence quelque part de ma sœur, un frère.
Mon nouveau père a aidé ma mère à les retrouver.

Il était une fois au Ghana, ma sœur, et un frère à Paris.
Ma mère, ma sœur et mon nouveau père se sont rencontrés, connus, reconnus,
aimés.

Il était une fois en Côte d’Ivoire, j’ai rencontré ma sœur.
Un frère n’a pas voulu nous connaître.
Il se sentait abandonné, trahi, volé.

Il était une fois en France, ma mère, un crabe.
Ils se sont battus, ma mère a perdu.
Il était une fois mon nouveau père et sa souffrance.

Il était une fois trop tard, un frère qui pleurait dans nos bras.
Mon nouveau père lui disait : Elle est là-haut – alors qu’elle était en bas, sous la pierre – et elle te voit, je suis sûr qu’elle est heureuse.

Il était trop de fois mon nouveau père et sa souffrance.
Il ne s’est pas battu.

Il était une fois ma sœur, un crabe.
Ils se sont battus, ma sœur a perdu.

Des années que je porte cette histoire sans trop savoir par quel bout la prendre.
Ma sœur, tu voulais que je l’écrive. Maintenant que c’est fait, j’espère que tu me lis là-haut, en bas sous la pierre.

 

 

14 avril 2017

 

Et cette nuit ?

Ce silence est-il truqué ?
Pas une seule grappe
de notes rossignoles
Se taisent même les chevêches
Et ce noir ?
Ce noir est-il truqué ?
Véga, Vénus, Aldebaran
sous l’étouffoir des nuages

La nuit a mal à ses oiseaux
La nuit a mal aux étoiles

Alors je lui donne des poèmes à manger
Elle vient happer les mots
qui s’écrivent sous les paupières

Je peux aimer longtemps ainsi
attendre
que le ciel s’averse

 

13 avril 2017

 

Allées des en allés

Grand-mère Chu Thi Lan
tu as peut-être été inhumée
dans ce cimetière maintenant devenu
Parc Lê Văn Tám
Comment le savoir ?

Allées des en allés
où les joggeurs peut-être
te marchent sur la tête
et les os

19 février 2017 à 11h 23
j’ai pensé que sûrement
on t’avait désensevelie
Je n’arpentais alors
que ta mémoire balayée
d’ombres sous le vent

11 avril 2017

In Matrie Editions Henry (2018)